Influenceurs : quand le marketing se déguise en amitié.
- Harmonie de Mieville
- 2 déc. 2024
- 15 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 avr.

Bonjour à tous et bienvenue dans Cappuccino & Croissant. Aujourd’hui, on s’attaque à un sujet croustillant, sucré mais artificiellement rehaussé, comme un croissant industriel : les influenceurs et leur jeu de miroir bien lustré sur les réseaux sociaux. Parce que, soyons honnêtes : est-ce que quelqu’un ici croit vraiment que ces gens se réveillent dans des draps en soie parfaitement repassés, avec un café latte qui, par pure coïncidence, arbore un cœur en mousse impeccablement dessiné ? Non ? Ah, on progresse déjà !
Pour cet épisode, on va se pencher sur ce qu’il y a de plus fascinant (et de plus irritant) dans cet univers : le grand spectacle des publicités déguisées. Parce que ces posts qui vendent la dernière paire de baskets en édition limitée ou la nouvelle crème hydratante "essentielle" pour un glow surnaturel, ne sont pas de simples partages "du cœur" avec leurs "familles" de followers, non. C’est du marketing de haut vol, planifié, scénarisé, et calibré pour toucher pile là où ça fait mal… au portefeuille, bien sûr !
Et, histoire d’ajouter un peu de piment, on va aussi parler du rôle sournois de nos biais cognitifs. Oui, ces petits mécanismes qui nous poussent à voir ce type de contenu différemment d’une pub TV en bonne et due forme. Là où on se méfie d’une réclame de parfum entre deux émissions, sur Instagram ou TikTok, nos défenses sont endormies par la familiarité, l'impression de proximité. En 2024, une récente étude de HypeAuditor nous rappelle que plus de 65 % des contenus sponsorisés sont à peine signalés comme tels, faisant du "pub ou pas pub ?" un vrai casse-tête pour les consommateurs. On suit aveuglément, on "like" des posts sponsorisés sans broncher, et voilà qu’on se retrouve persuadés qu’il nous faut absolument la même bougie en céramique que notre influenceur préféré.
Dans cet épisode, on va déchirer un peu le rideau et dévoiler l’envers de ce décor trop parfait. D’ailleurs, pour préparer cet épisode, je suis tombée sur la chaîne YouTube de Hannah Alonzo. Elle décortique brillamment ce monde des influenceurs avec des analyses percutantes et intelligentes. Si vous comprenez l’anglais, je vous recommande vivement d’y jeter un œil, car elle met en lumière des aspects qu’on oublie souvent de questionner. Bref, continuons. D’abord, on verra pourquoi les influenceurs ont tant de facilité à se glisser dans la peau d’un ami bienveillant, alors que chaque publication est soigneusement ficelée pour vendre. Ensuite, on ira jeter un coup d’œil aux coulisses de cette mise en scène millimétrée : des décors aux photoshops en passant par ces fameuses "journées parfaites". On ira aussi explorer le cerveau humain – sans scalpel, je vous rassure – pour comprendre pourquoi on avale tout ça, ou presque. Enfin, on terminera sur ce que ça fait à notre santé mentale d’être en permanence confrontés à une version "filtrée" de la réalité, et de s’y comparer comme si c’était du vrai.
On va démêler ensemble ce sac de nœuds qu’on appelle "authenticité en ligne". Et il se peut qu’on ne regarde plus jamais un post d’influenceur de la même manière.
Le contenu sponsorisé : une publicité déguisée, pourquoi on tombe dedans ?
Allons dans le vif du sujet : la publicité déguisée, celle qui se glisse discrètement dans les feeds, en faisant croire à un partage authentique. On le sait bien, tout le monde se doute que ces influenceurs ne vivent pas uniquement de cafés mousseux et de déjeuners bien cadrés. Mais pourquoi, même en sachant ça, on continue de cliquer, d’aimer, voire d’acheter ? Cette question mérite d’être décryptée en détail, avec l'aide d'études et d'exemples actuels qui démontrent à quel point ces stratégies sont omniprésentes et diablement efficaces.
Pour comprendre le phénomène, il faut d’abord jeter un œil aux biais cognitifs. Parmi les plus influents, on trouve le biais de familiarité. Ce biais repose sur le fait que, plus on est exposé à quelque chose, plus on le trouve digne de confiance. Et dans le cas des influenceurs, c’est simple : ils deviennent rapidement des figures familières. Une étude de l’Université de Stanford (2023) révèle que 68 % des abonnés réguliers perçoivent leurs influenceurs favoris comme des "amis virtuels", des gens "fiables". Ce sentiment de proximité les pousse à oublier, ou du moins minimiser, l’aspect commercial de chaque post. On aime penser qu’on suit une personne, alors qu’on suit aussi une marque. Cette ligne est d’ailleurs habilement entretenue par les créateurs de contenu eux-mêmes, qui ne se privent pas de partager leurs petits déjeuners, leurs routines de soin, jusqu’aux moindres détails de leur vie quotidienne – tout, bien sûr, sauf les coups de fil avec les sponsors.
Prenons un exemple concret : Chiara Ferragni, l’influenceuse italienne qui combine vie de famille, glamour et marques de luxe. Dans un post apparemment banal, elle peut montrer son fils jouant dans la cuisine – et ce n’est qu’en scrutant le décor qu’on repère la cafetière de marque, le mixeur dernier cri, tout ça placé bien en évidence. Le post semble innocent, mais chaque élément a été pensé. En un seul cliché, elle capte l’attention de milliers de fans et, accessoirement, met en avant plusieurs marques. Selon Forbes, ce type de publicité déguisée a généré pour elle des revenus de plus de 10 millions de dollars en 2023.
Ensuite, il y a le biais d’attribution. Ce biais fait qu’on attribue certaines qualités aux produits simplement parce qu’on les associe à la personnalité de l’influenceur. On se dit, par exemple, que cette crème hydratante est vraiment géniale parce que X ou Y l’utilise. Une enquête menée par The Guardian en 2024 a montré que 76 % des jeunes de 16 à 25 ans associent la qualité d’un produit à la notoriété de l’influenceur qui le recommande, et non à ses caractéristiques réelles. En d’autres termes, si Kim Kardashian recommande un shampoing, c’est qu’il doit être incroyable, non ? Et peu importe les ingrédients ou les vraies performances du produit, l’image de l’influenceur suffit à convaincre.
Un autre aspect qui nous piège est l’ambiguïté autour des mentions de partenariat. Parfois, on aperçoit un discret #ad en bas de la description, voire des hashtags moins évidents comme #collab ou #partner. Selon l’Autorité de la Concurrence en Europe, une enquête menée en 2024 a révélé que 64 % des contenus sponsorisés sur Instagram manquent de clarté en ce qui concerne leur caractère publicitaire. Des exemples ? Il suffit de regarder des profils comme celui de Addison Rae ou de Kylie Jenner, où les collaborations sont subtiles, glissées entre des photos de famille et des stories de voyage. En 2024, cette opacité a d’ailleurs conduit à de nouvelles réglementations en France, obligeant les influenceurs à mieux signaler les partenariats, mais cela reste une bataille constante.
Enfin, parlons des placements de produit en mode native advertising, où la pub se fond littéralement dans le décor. Prenons le cas de David Dobrik, un influenceur américain qui a popularisé la technique du "placement naturel". Dans l’une de ses vidéos, il conduit une voiture prêtée par une marque de luxe – sans même mentionner que c’est une collaboration. Résultat ? La voiture est intégrée si naturellement qu’on ne la perçoit même pas comme un produit mis en avant. Une étude du Pew Research Center en 2023 montre que plus de 80 % des spectateurs de ce type de contenu ne réalisent pas qu’il s’agit d’un placement de produit, précisément parce qu’il est intégré de manière subtile.
En conclusion, si on tombe si facilement dans le piège, c’est parce que notre cerveau nous pousse à voir ces influenceurs comme des proches, à attribuer des qualités au produit en fonction de celui qui le présente, et à ignorer les signaux subtils qui devraient nous alerter. Tout cela crée une confusion savamment orchestrée pour nous faire oublier que, derrière chaque post "authentique", il y a souvent un contrat publicitaire.
La mise en scène et le faux : ce qui se cache derrière les likes et les stories
Passons maintenant à la pièce maîtresse de cette grande mascarade : la mise en scène, cette illusion soigneusement montée pour nous faire croire que tout est authentique, quand rien ne l’est. Parce que soyons honnêtes, quand on voit des posts où notre influenceur préféré arbore un look impeccable en haut d’une montagne à 5 heures du matin, on est censés croire que tout ça est spontané ? À 5 heures du matin, la plupart des gens cherchent leur café en tâtonnant. Mais sur Instagram, c’est un festival de poses méditatives et de visages frais comme une rosée d’été. Allez, on va décortiquer cette illusion, et sans filtre.
Commençons par le grand classique : les voyages idylliques. En 2023, Forbes a publié une enquête montrant que plus de 60 % des influenceurs admettent organiser leurs vacances en fonction de ce qui est "instagrammable" plutôt qu’authentique. En clair, chaque détail est orchestré, des hôtels design jusqu’aux repas photogéniques. Prenons l’exemple de Gabbie Hanna, une influenceuse bien connue aux États-Unis, qui a révélé dans une interview qu’elle planifiait ses voyages autour des photos qu’elle pourrait y prendre. Elle s’est même retrouvée, selon ses propres mots, “à poser pour des photos à côté d’une piscine magnifique dans laquelle elle n’a jamais osé se baigner de tout le séjour” parce que la réalité des lieux était loin de la magie des filtres. Ce genre de récit expose la réalité derrière le décor, qui devient plus un studio de shooting qu’un véritable lieu de détente.
Ensuite, parlons des fameuses “journées parfaites”. Sur Instagram, chaque journée est un festival de petits-déjeuners colorés, de moments "off" face caméra et de séances de yoga sur une terrasse baignée de soleil. En 2024, une étude de l’Université de Leeds a révélé que 72 % des utilisateurs de réseaux sociaux se sentent stressés par cette perfection omniprésente, se demandant pourquoi leur vie ressemble plus à un épisode de Bureau des plaintes qu’à une comédie romantique. Des influenceurs comme Essena O'Neill, célèbre pour ses confessions brutales sur la fausseté de ses publications, ont admis que tout, jusqu’à la coupe des fruits dans l’assiette, est calculé pour que la photo soit parfaite. En réalité, cette assiette finit souvent à la poubelle une fois la photo prise – parce que oui, personne n’a envie de manger des fraises sous trois kilos de glaçage rose tous les matins.
Ce faux décor ne serait pas complet sans mentionner l’omniprésence des retouches. On parle souvent de la "beauté naturelle" de ces influenceurs, mais en réalité, la plupart des photos passent sous les pinceaux digitaux avant d’atterrir sur nos écrans. Kim Kardashian a même admis utiliser des applications de retouche pour "améliorer" ses selfies, et elle n’est pas la seule. D’après une enquête du Guardian en 2024, 85 % des influenceurs avouent retoucher leurs photos de façon régulière, même si c’est subtil. Des filtres doux pour la peau, des ombres pour accentuer les traits, et parfois même une silhouette légèrement modifiée. Résultat ? On consomme du contenu ultra-retouché sans même le réaliser, et ça affecte notre perception de la réalité.
Mais quel est l’impact de cette mise en scène millimétrée sur les followers ? Eh bien, ça alimente une comparaison constante, et on ne parle pas ici de la comparaison saine. Quand on est confrontés jour après jour à des versions idéalisées de la vie, on finit par se dire que quelque chose ne tourne pas rond dans la nôtre. Selon une étude de Psychology Today en 2023, cette exposition continue au “faux parfait” entraîne une augmentation de 57 % des niveaux d’anxiété et de frustration, surtout chez les jeunes adultes, qui se sentent poussés à imiter ce qu’ils voient. Pourquoi ? Parce que notre cerveau adore les illusions parfaites. Elles nous aspirent dans cette envie de vie "sans défaut", même quand on sait que tout est faux. Ce phénomène est amplifié par ce qu’on appelle l’effet de contraste : plus on est exposé à des versions idéalisées, plus notre propre réalité nous semble fade. Et cette comparaison entraîne souvent un mal-être diffus, une impression de ne jamais être "assez".
En somme, cette mise en scène ne se contente pas de vendre un produit, elle vend un idéal. Mais cet idéal est hors de portée, car il n’existe pas. Et tout cela contribue à créer une culture où chaque moment de vie doit être scénarisé, retouché, amélioré pour atteindre la "perfection". La prochaine fois que vous verrez un post parfait, souvenez-vous que derrière, il y a des heures de mise en scène, des retouches, et un gros soupçon de faux.
La "magie" du marketing sur les réseaux : comment ils nous influencent (sans qu’on s’en rende compte)
Abordons maintenant ce qui relève presque de la sorcellerie moderne : le marketing des influenceurs sur les réseaux sociaux. Parce qu’il faut bien l’admettre, ces stars de l’écran maîtrisent l’art de nous faire croire qu’on est "comme en famille"… sauf que, surprise, c’est un business, pas une cousinade. Et derrière chaque “team” ou “commu” se cache une mécanique bien huilée pour que vous restiez accrochés, et prêts à acheter dès qu’ils disent "go".
Commençons par cette fameuse technique de storytelling personnel. Vous savez, ce moment où l’influenceur se filme au réveil, encore ébouriffé(e) et mal réveillé(e), pour parler de ses “galères du quotidien”. Cette proximité apparente donne l’illusion qu’on est dans son cercle intime, qu’on partage les mêmes déboires. Prenons l’exemple de Lena Situations, qui documente chaque détail de sa vie avec humour et sincérité (en apparence). Elle partage des anecdotes, des doutes, ses voyages – et ce style de narration fonctionne, puisqu’il humanise l’influenceur et nous rend attachés à sa personnalité. Selon une étude d’HubSpot de 2023, les influenceurs qui utilisent le storytelling personnel augmentent de 35 % l’engagement de leur communauté. Parce que oui, quand on suit quelqu’un qui nous semble vrai, on se sent un peu concerné… au point d’acheter le produit qu’il conseille pour se sentir plus proche de lui.
Mais ce n’est pas tout : ils utilisent aussi des méthodes qui stimulent directement notre Fear of Missing Out, ou FOMO, ce fameux syndrome de la peur de rater quelque chose. On le voit à chaque lancement de produit, de marque ou même de collection capsule, souvent accompagnés de slogans comme “24 heures seulement !” ou “Quantités limitées”. Des études montrent que 60 % des achats impulsifs en ligne sont motivés par ce sentiment d’urgence. Les marques et les influenceurs le savent bien : rien ne pousse à l’achat plus efficacement que la peur de passer à côté de l’affaire du siècle. Prenons le cas de Kylie Jenner et de sa collection de maquillage. Les produits en édition limitée s’arrachent dès leur sortie, souvent à cause de cette urgence orchestrée. Selon The Wall Street Journal, en 2023, la marque de Kylie a réalisé 70 % de ses ventes annuelles en moins de 48 heures grâce à des campagnes intensives de FOMO. Résultat ? On se sent obligés d’acheter pour être “dans le coup”, même si notre tiroir déborde déjà de produits similaires.
Et puis, il y a cette technique tellement répandue qu’on n’y pense même plus : l’utilisation des sondages, des questions et des interactions en story. Ces petits questionnaires “hyper spontanés” nous demandant si on préfère “option A ou B”, s’ils doivent porter ce look ou celui-là pour “notre plaisir”, ne sont pas anodins. Ils créent un sentiment d’implication, nous faisant croire que notre avis compte, alors que tout est orchestré pour maximiser l’engagement. Instagram, dans un rapport interne de 2024, a révélé que les stories avec sondages génèrent 40 % de vues en plus, et on comprend pourquoi. On se sent partie prenante de leur vie, un peu comme si notre vote dans leur choix de look était indispensable à la marche de l’univers. En somme, ils transforment leur audience en participants, ce qui est redoutablement efficace.
Enfin, il faut mentionner le rôle des algorithmes dans cette danse bien rodée. Les réseaux sociaux adorent le contenu qui maintient leur audience connectée, et les posts d’influenceurs sont amplifiés par les algorithmes pour cette raison même. Plus vous réagissez aux stories et aux posts, plus les plateformes s’assurent de vous en montrer. D’après Social Media Today, en 2024, les contenus des influenceurs ont 70 % de chances supplémentaires d’être affichés dans le fil des utilisateurs qui interagissent régulièrement avec eux. Les plateformes jouent ici le rôle de complices, amplifiant ce contenu addictif pour vous garder scotchés à l’écran.
Et voilà comment, en utilisant des techniques de storytelling, de FOMO, et en jouant sur l’algorithme, les influenceurs réussissent à nous embarquer dans une relation qui ressemble à de l’amitié, mais qui est, en réalité, un modèle marketing. On se croit amis ; ils nous voient en chiffres d’audience. Et tout cela a des effets concrets sur notre santé mentale, surtout chez les jeunes, qui se retrouvent happés dans cette quête perpétuelle du "comme eux".
Les effets pervers et les conséquences sur la santé mentale des followers
Voyons profondeur de l'impact psychologique des réseaux sociaux – et disons-le, la réalité n'est pas aussi "instagrammable" que l’on pourrait croire. Ce marketing constant, cette comparaison incessante, et cette perfection de façade ont des conséquences tangibles, particulièrement chez les jeunes. Ce n'est pas seulement une question de déception, mais de santé mentale, de dépression et d’anxiété qui, dans les cas les plus sévères, plongent certains dans des réalités bien sombres. On parle de réseaux sociaux comme de plateformes de "partage", mais les retombées psychologiques de ce "partage" virtuel sont bien réelles et souvent dangereuses.
Pour appuyer cet état des lieux, revenons aux faits. Selon l'American Psychological Association (APA), qui a publié en 2023 un rapport crucial, l'usage intensif des réseaux sociaux est associé à une augmentation de 30 % des symptômes dépressifs et de 45 % des symptômes anxieux chez les jeunes adultes. L'APA cite notamment le phénomène de la "comparaison sociale ascendante" : en voyant constamment des vies idéalisées et mises en scène, les jeunes se comparent systématiquement à ces versions "parfaites" des autres, oubliant que, comme le souligne l’étude, ce qu’ils voient n'est souvent que la pointe de l’iceberg.
Un exemple frappant de cette dynamique est l’influence des stories et des publications de voyages. Ces images de vacances paradisiaques, ces repas parfaits et ces selfies sous une lumière flatteuse donnent l’impression que le bonheur est constant et atteignable pour tous… sauf pour nous, bien sûr. Une étude de l’Université de Leeds de 2024 a montré que 72 % des utilisateurs de réseaux sociaux se sentent découragés ou frustrés après avoir passé plus de 30 minutes à parcourir leur feed, avec un impact encore plus marqué chez les jeunes entre 18 et 24 ans. Selon les chercheurs, cette frustration vient directement de la comparaison inévitable et de l’idéalisation de la vie des autres. À noter que les jeunes femmes sont les plus affectées, 65 % d’entre elles déclarant ressentir une pression sociale intense à être "parfaites" elles aussi, comme ces influenceuses qu'elles admirent.
Et cette quête d’une perfection impossible mène à une insatisfaction constante. Plusieurs influenceurs ont d’ailleurs pris la parole pour exposer les pressions auxquelles ils sont eux-mêmes soumis. Emma Chamberlain, icône de YouTube et Instagram, a récemment révélé dans un podcast que la "pression de toujours montrer une vie enviable" avait créé chez elle une anxiété persistante. Elle explique notamment que, même en sachant que tout n’est qu’illusion, cette façade finit par affecter son propre bien-être. "Je me dis que je devrais toujours sourire, toujours avoir l’air heureuse, alors que je suis humaine, et la plupart du temps, c’est de l’automatisation", confie-t-elle. Elle n'est pas la seule : des témoignages d’influenceurs de moindre envergure révèlent la même pression d’incarner ce que l’on pourrait appeler "la vie parfaite". Le paradoxe est que cette fausse perfection finit par affecter non seulement le public, mais aussi les créateurs eux-mêmes, piégés dans leur propre décor.
L’un des impacts les plus profonds de cette exposition constante est le besoin de validation sociale. Dans une enquête européenne de 2023, l’Union Européenne pour la Santé Mentale a constaté que les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux ressentaient un besoin constant de validation numérique, à tel point que la majorité d’entre eux (57 %) se connectent toutes les heures pour vérifier leurs notifications. Le "like" est devenu une unité de mesure de la valeur personnelle, conduisant à une quête perpétuelle de reconnaissance virtuelle qui, paradoxalement, n’apporte qu’une satisfaction fugace. Jean Twenge, psychologue et auteur, a même qualifié ce phénomène de "dopamine instantanée", en référence à la gratification rapide mais éphémère que procurent les interactions en ligne. Cette quête de validation fragilise l’estime de soi des jeunes, les rendant particulièrement sensibles aux critiques et aux moqueries en ligne, à tel point que l'on parle aujourd'hui d'une véritable crise de santé mentale chez les utilisateurs intensifs.
Ce besoin de validation et cette quête de la perfection ne sont pas sans conséquences : elles aggravent des symptômes d’anxiété, de dépression, et de stress chronique. En France, l’Observatoire de la Santé Mentale a publié en 2024 un rapport inquiétant sur l’augmentation de 42 % des symptômes anxieux chez les jeunes depuis 2020, directement liés à l’usage intensif des réseaux. Le rapport mentionne également que la pression de "performer" sur ces plateformes pousse certains utilisateurs à envisager des interventions esthétiques précoces pour ressembler davantage aux filtres. Le fameux "effet Snapchat", un phénomène où les jeunes veulent ressembler à leurs selfies filtrés, est aujourd'hui devenu une préoccupation pour de nombreux spécialistes en santé mentale.
Ce besoin de tout “partager”, de tout embellir, laisse des séquelles profondes. Ce marketing insidieux crée une culture où l’ordinaire n’est plus acceptable, où chaque détail de la vie doit être embelli, et où les petits moments ne valent plus qu’à être mis en scène. La conséquence ? Une culture de la fausse perfection où il est devenu impossible de se sentir satisfait de sa vie réelle, de ses moments simples et parfois imparfaits. Ce modèle, construit autour d’illusions et de mises en scène calculées, finit par enfermer des millions d’utilisateurs dans une course effrénée au “toujours mieux”.
Conclusion : décryptons ensemble, démêlons le vrai du faux
Et voilà, on a navigué à travers ce dédale d’illusions, de publicités déguisées et de scénarios impeccablement millimétrés. Parce qu’en fin de compte, tous ces likes et hashtags parfaits cachent un monde où la transparence et l’authenticité sont aussi rares que des photos de vacances sans filtre. Vous avez vu le tableau : les influenceurs qui transforment chaque post en publicité à peine voilée, la quête désespérée de validation, et le stress qui en découle pour les abonnés. Mais alors, que faire de tout ça ?
Premier réflexe, facile à dire mais essentiel : un bon vieux filtre… mental. Chaque fois qu’on tombe sur une story qui nous donne l’impression que notre vie n’est pas "assez" quoi que ce soit, demandez-vous où se cache le marketing dans cette image. Une astuce rapide ? Cherchez les #sponsorisés discrets, ou posez-vous la question : est-ce vraiment spontané, ou est-ce que tout a été calibré au millimètre pour vous captiver ? Soudain, ce café du matin “pris à l’arrache” vous semblera un peu moins authentique.
Ensuite, partageons nos impressions et creusons ensemble. Parce que cette conversation ne doit pas s’arrêter là. Allez, laissez-moi vos réflexions en commentaires ou venez en débattre directement sur les réseaux de Cappuccino & Croissant. Qu’est-ce qui vous a surpris ? Où avez-vous commencé à sentir que la ligne entre marketing et réalité devenait floue ?
Et si cet épisode vous a parlé, si vous sentez que ces sujets méritent qu’on les décode et les décompose un peu plus, pensez à soutenir le podcast. Un petit don, un grand soutien : ça aide à faire durer l’aventure et à creuser encore plus loin. Alors, la prochaine fois que vous verrez un post aux airs "parfaits", souvenez-vous de ce qu’on a discuté ici. Le "parfait", c’est un outil marketing. Et maintenant, à vous de démêler le vrai du faux. Merci d’avoir écouté, et à bientôt pour la prochaine dose de réalité servie avec un bon cappuccino. Allez, Salut !
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