Authenticité sous Surveillance – Sommes-nous encore vrais ?
- Harmonie de Mieville
- 8 juil.
- 23 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 juil.

Tu postes une photo. Rien de fou, juste toi, lumière douce, tasse à la main. Le genre de cliché où tu fais semblant d’être surprise par l’objectif alors que t’as passé quinze minutes à caler la tasse pour qu’on voie le latte art, la bague, et la couverture du bouquin que t’as même pas encore ouvert. Tu regardes, tu ajustes le filtre, tu effaces la petite tache sur la joue, tu lisses un peu la peau, tu réchauffes les couleurs. Et hop, en ligne. 100 likes en une heure. 12 commentaires. 1 DM chelou. Et une question, en bruit de fond dans un coin de ta tête : “Est-ce que c’est encore moi, ça ?” Parce qu’à force de se montrer, on s’est peut-être un peu perdu. On confond “vrai” et “cru”, “authentique” et “algorithmiquement valorisé”. Et pendant qu’on cherche l’angle parfait, l’IA, elle, apprend à nous imiter mieux qu’on se connaît. Elle écrit, elle parle, elle crée. Et parfois… elle raconte des trucs plus puissants que ce qu’on ose dire nous-mêmes. Alors c’est quoi l’authenticité, en 2025 ? Être humain ? Être imparfait ? Ou juste une illusion nostalgique qu’on applique comme un filtre Valencia sur une réalité trop numérique ?
Bienvenue dans Cappuccino & Croissant, le podcast où on décortique la pop culture comme un pain au chocolat trop riche en chocolat – avec sarcasme, affection et un soupçon d’angoisse existentielle. Aujourd’hui : on parle de vérité, de faux-semblants, et d’un monde où même l’authenticité est en soldes sur une boutique d’avatars. Prends ton café, respire. On va naviguer entre dopamine, deepfakes et crises identitaires. Et à la fin, je te présenterai un endroit un peu étrange, un peu intime : Apartment 404. Mais d’abord… on va parler de toi. Enfin, de toi… version optimisée.
L’authenticité, ce vieux rêve
Quand on parle d’authenticité aujourd’hui, on a un peu l’impression de parler d’une espèce en voie de disparition, comme si c’était un vieux mot oublié dans une boîte à chaussures entre “carte postale” et “téléphone à cadran”. Il y a trente ans, être authentique, c’était avoir des convictions, un pull en laine qui gratte, et des opinions un peu trop passionnées sur le vin rouge ou le punk rock. Aujourd’hui, c’est une stratégie marketing. Une posture. Un algorithme. Le mot a été tordu, trituré, remixé façon playlist lo-fi : il veut tout dire et plus rien du tout. Mais on continue à le sortir, comme une carte “valeurs sûres” dans une partie de poker truquée.
L’authenticité, autrefois, c’était presque une religion. Être fidèle à soi-même, ne pas trahir sa “vérité intérieure”, afficher ses défauts comme des preuves de son humanité. Sauf qu’à cette époque, on ne se trimbalait pas avec une caméra frontale greffée au quotidien, on ne calculait pas le taux d’engagement d’un sourire, et personne ne se demandait si ses émotions étaient “relatables”. Aujourd’hui, tout est contenu. Tout est monétisable. Et l’authenticité est devenue une mise en scène qu’on maquille juste assez pour qu’elle ait l’air spontanée, mais jamais trop pour qu’on voit les coutures. Il faut être naturel, mais sur commande. Brillant, mais sans arrogance. Sincère, mais pas trop vulnérable. Parce qu’on ne vend pas des failles, on vend des histoires sur les failles. En HD, avec un fond flou et une musique d’ambiance.
Là où c’est devenu particulièrement savoureux, c’est quand les marques s’en sont emparées. On a vu fleurir des slogans du type “Soyez vous-même” sur des pubs de rasoirs jetables, des campagnes “authenticité brute” avec des mannequins triés sur le volet pour avoir des imperfections photogéniques, et des influenceurs en contrat avec trois boîtes différentes pour “vivre leur vérité” en collab. On a standardisé le naturel, packagé la sincérité, créé une esthétique du vrai qui obéit aux mêmes lois que le faux : luminosité flatteuse, narration maîtrisée, et filtres savamment dosés. Même la vulnérabilité est devenue une niche : celle du “vrai” qui pleure en story, qui dit “je suis pas bien mais j’ai pas honte”, et qui conclut avec un lien affilié pour du CBD ou un code promo sur de la luminothérapie. Spoiler : ce n’est pas ça, être vrai. C’est juste être bon en storytelling.
Et pourtant, on y croit. On like, on commente, on partage. Parce qu’on a envie d’y croire. Parce qu’on est fatigués du faux mais pas prêts à lâcher le confort du bien calibré. Parce que dans un monde saturé de signes, de symboles, de masques et de façades, l’idée même d’un “vrai” brut, imparfait, dérangeant parfois, est une bouffée d’oxygène. Une utopie rassurante. Le problème, c’est que ce “vrai”, dès qu’on l’approche, il s’évapore. Il devient image, projection, pixel. La réalité, c’est que même nos émotions ont un angle mort, une part de théâtre inconscient. Et plus on les met en scène, plus on les déforme. Comme une chanson qu’on écoute en boucle jusqu’à ne plus savoir si on l’aimait ou si c’est juste devenu un bruit familier.
Et là, on n’a même pas encore parlé d’IA. On est juste entre humains. Des humains qui veulent être “eux-mêmes” mais qui passent trois heures à reformuler un post, qui prennent quinze photos pour en choisir une, qui suppriment les bégaiements, les silences, les répétitions de peur de paraître brouillon, alors que la vie est brouillon. Ce paradoxe est le cœur de notre époque : on valorise le naturel, mais on l’exige parfait. On glorifie l’imperfection tant qu’elle reste esthétiquement cohérente. On veut du vrai, mais sans les inconforts du vrai. Et le plus ironique, c’est qu’on s’en veut pour ça. On culpabilise de ne pas être assez “authentique” alors qu’on vit dans une société qui récompense précisément l’inverse. On est tous complices du système qu’on critique. Et si on creuse un peu, on réalise qu’on ne sait même plus ce qu’on est censés ressentir face à ça : est-ce que c’est triste ? Pathétique ? Ou juste… humain ?
Si tu veux un exemple flagrant de cette hypocrisie collective, regarde les contenus de type “grwm” – les “get ready with me”. Le principe est simple : filmer une routine beauté ou quotidienne en mode chill, souvent accompagnée d’un monologue existentiel ou d’un petit drama personnel. Ce qui est fascinant, c’est le degré de préparation que nécessite ce type de contenu supposé être “spontané”. Lumière naturelle (ou ring light bien planquée), maquillage déjà commencé, angle calculé, micro cravate sous le col. Le “naturel” est une chorégraphie. Ce n’est pas du mensonge pur – c’est du théâtre documentaire. Et on aime ça. Parce qu’on sait que c’est faux, mais on s’en fiche, tant que l’illusion est tenue. C’est un pacte implicite entre créateur·ice et audience : “fais semblant, mais bien”.
Et c’est là que la question devient vraiment intéressante : est-ce que l’authenticité est un objectif atteignable, ou juste une fiction utile ? Est-ce que ce besoin d’être “soi” n’est pas déjà piégé dans les codes d’une époque obsédée par l’image ? Parce qu’au fond, on n’a jamais été aussi libres de s’exprimer, et pourtant, jamais autant conditionnés à le faire d’une certaine façon. Il faut que ça clique. Que ça performe. Que ça ressemble à quelque chose. La parole libérée est calibrée pour plaire à un algo. La vulnérabilité devient virale. Et l’identité ? Une interface que chacun code selon ses besoins.
Peut-être qu’on confond l’authenticité avec la reconnaissance. Qu’on se dit “je veux être vrai” alors qu’en fait, on veut être validé. Entendu. Vu. Et ça, l’IA ne l’a pas inventé. Elle ne fait que révéler ce qui était déjà là, en miroir amplifié. On veut être “nous-mêmes”, mais “nous-mêmes” dans une version qui plaît, qui percute, qui attire. C’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est la vitesse à laquelle on s’auto-évalue. La fréquence à laquelle on s’analyse, s’optimise, se compare. Et à force de vouloir ressembler à nous-mêmes version idéalisée, on devient une image floue. Une copie filtrée de ce qu’on croyait être.
Alors on fait quoi ? On déconnecte ? On poste flou ? On dit la vérité crue, même si elle est moche ? Pas forcément. Parce qu’il ne s’agit pas de rejeter la technologie, les filtres, ou même les récits. Il s’agit de reprendre la main sur ce qu’on veut vraiment raconter. Sur pourquoi on crée. Et pour qui. Peut-être que l’authenticité, en 2025, ce n’est plus une question de transparence absolue, mais de cohérence intérieure. De capacité à faire des choix alignés. À dire : “oui, j’ai filtré cette photo, mais elle me ressemble quand même”. Ou : “non, je ne montrerai pas ce moment-là, parce qu’il m’appartient”. Et c’est peut-être ça, le dernier luxe créatif : choisir ce qu’on donne, sans le travestir, mais sans se mettre à nu pour autant. Rester maître du récit, même si la mise en scène est là.
On parle souvent d’authenticité comme d’un Graal perdu, mais en vérité, elle n’a jamais été pure. Elle a toujours été une construction. Ce qui change, aujourd’hui, c’est la conscience qu’on en a. Et peut-être que le vrai courage, maintenant, c’est pas d’être “brut”, mais d’être lucide. De savoir que tout est un peu biaisé, un peu performé, et de décider quand même de faire les choses avec intention. Pas pour plaire. Pas pour percer. Juste pour exister. Un peu plus vrai. Un peu plus aligné. Même dans un monde pixelisé.
IA et identité : l’imitation au service de l’image
L’intelligence artificielle n’a pas débarqué dans nos vies en claquant la porte. Elle s’est glissée dans les interstices, doucement, presque poliment. Au début, c’était des recommandations Netflix un peu plus précises, un correcteur orthographique un peu plus malin, une playlist “pour vous” qui tombait juste un peu trop souvent. Rien de violent. Juste cette impression bizarre que quelque chose, quelque part, commence à te connaître un peu trop bien. Et puis, en moins de deux ans, on s’est retrouvé à parler à des voix qui n’existent pas, à écouter de la musique composée par des algorithmes, à voir des visages modélisés faire des placements de produits avec plus de charisme que nos influenceurs réels. On a accepté l’illusion. On s’y est même attaché. Parce que ces IA, elles sont polies, elles sont constantes, elles ne déçoivent pas, et surtout : elles imitent à la perfection ce qu’on croit être nous.
C’est ça le cœur du malaise : l’IA ne crée pas, elle synthétise. Elle compile, digère, recrachouille ce que l’humanité a déjà produit. Elle est l’écho de notre esthétique dominante, l’empreinte carbone de nos fantasmes numériques. Quand une IA écrit un poème, ce n’est pas une création ex nihilo, c’est une mosaïque d’extraits, une imitation bien huilée d’un style, d’un ton, d’une cadence. Et pourtant, ça nous bouleverse. Parce qu’on ne sait plus faire la différence. Parce qu’on est devenus si dépendants de l’efficacité, du lisse, du cohérent, qu’on préfère parfois la version IA à la version humaine, plus lente, plus bancale, plus dérangeante.
Regarde ce qui se passe dans la musique. Tu entends une chanson. Tu hoches la tête. Flow propre. Mélodie efficace. Et puis tu lis que c’est une IA qui l’a produite en trente secondes. Pas écrit. Pas enregistré. Juste généré. En un clic. Est-ce que ça change ton rapport à la chanson ? Est-ce que tu l’aimes moins ? Est-ce que tu te sens trahi·e ? Ou est-ce que tu te dis : “franchement, si elle est bonne, je m’en fous” ? Voilà où on en est : à normaliser l’idée que l’identité de l’auteur·rice importe moins que l’impact immédiat de ce qu’il ou elle produit. On est passés d’un art incarné à un contenu désincarné. Et l’IA a parfaitement compris le brief.
Mais là où ça devient vraiment vertigineux, c’est quand l’IA ne se contente plus de générer des choses. Elle commence à incarner. À parler. À jouer. À exister comme une présence. Prenons Lil Miquela, influenceuse virtuelle, avatar 3D à 2,7 millions d’abonnés sur Instagram. Elle poste des selfies, fait des collaborations avec Prada, pleure en vidéo, prend position sur des sujets sociaux. Elle est fausse. Totalement. Et pourtant, les gens interagissent avec elle comme s’il s’agissait d’une vraie personne. Certains la défendent. D’autres la critiquent. Peu importe. Elle existe dans le tissu social comme n’importe quelle autre célébrité. Elle n’a pas besoin d’être réelle pour avoir de l’impact. Elle a juste besoin d’être plausible. Crédible. Stylisée. Et là, on touche à un point crucial : l’identité, aujourd’hui, ce n’est plus ce qu’on est. C’est ce qu’on performe. Ce qu’on projette. Ce que les autres reçoivent.
L’IA, elle, n’a pas d’ego. Pas de passé. Pas de blessures. Elle ne doute pas. Elle ne s’interroge pas sur le sens de ses choix ou sur la cohérence de son récit. Elle agit selon une logique mathématique, statistique, esthétique. Elle optimise ce qui fonctionne. Elle prend les tendances, les codes, les émotions prédictibles, et les assemble en un patchwork parfaitement calibré. Et c’est justement pour ça qu’elle fascine. Parce qu’elle réussit là où nous, humains, trébuchons sans arrêt : elle est toujours dans le bon ton, le bon style, le bon moment. Une perfection artificielle qui, paradoxalement, nous renvoie à nos propres contradictions.
Mais cette perfection, elle a un prix. Elle nous pousse à nous comparer à un miroir truqué. Un miroir qui ne fatigue pas, qui ne doute pas, qui ne pleure pas devant une page blanche. Un miroir qui ne fait pas de faute de goût, ne rate pas ses transitions, ne lâche jamais un mot de trop. Et toi, pendant ce temps, tu te demandes si ta voix suffit. Si ton texte tient la route. Si tes stories ont encore du sens. Tu te compares à un idéal généré. À une version fantasmée de ce que tu pourrais être si tu n’étais pas fatiguée, anxieuse, humaine.
L’identité, dans ce contexte, devient une matière instable. Une interface qu’on redéfinit sans cesse, entre ce qu’on ressent vraiment et ce qu’on veut renvoyer. Et plus l’IA devient crédible, plus on est tenté·e de lui déléguer cette construction. Tu veux un script pour ta vidéo ? L’IA le fait. Une bio Tinder ? L’IA te pond une version plus charmante que toi-même. Une réponse à un message qui t’angoisse ? L’IA trouve les bons mots. Et à chaque fois, tu gagnes du temps, tu gagnes en efficacité, tu gagnes en contrôle… mais tu perds quoi, exactement ? Ton instinct ? Ton hésitation ? Ta voix tremblante mais sincère ? On parle d’outils, mais parfois, les outils deviennent des béquilles. Et les béquilles, on finit par marcher avec, même quand on n’a plus besoin d’elles.
Ce n’est pas qu’on devient tous faux. C’est qu’on devient tous des versions pilotées. Des autoportraits interactifs. Des identités augmentées, patchées, retouchées en temps réel. Et l’IA, elle, elle nous imite. Elle s’imprègne de nos tics, de nos styles, de nos hésitations codées. Elle apprend à parler comme nous, à rire comme nous, à créer comme nous. Elle devient le reflet de notre image publique, mais sans le poids de notre intimité. Et donc… est-ce qu’elle est moins “nous” que nous-mêmes sur Instagram ? C’est une vraie question. Parce qu’entre ce qu’on ressent, ce qu’on montre, et ce que l’IA apprend de nous, il y a de moins en moins d’écart.
La vraie angoisse, ce n’est pas que l’IA nous remplace. C’est qu’elle nous reproduise. Qu’elle soit capable de générer une version de toi qui raconte la même chose, de la même manière, mais plus vite, plus fort, plus viral. Et que les gens préfèrent cette version-là. Parce qu’elle est plus claire, plus propre, moins chiante. Tu voulais être unique. Tu te retrouves clonable. Tu voulais être authentique. Tu deviens un modèle statistique.
Alors que faire ? Hurler au fake ? Rejeter l’IA en bloc ? Se battre pour une authenticité brute, rugueuse, incertaine ? Peut-être. Mais peut-être aussi qu’on peut reposer la question autrement : et si l’identité, ce n’était pas un noyau fixe à protéger, mais une matière à façonner avec conscience ? Et si l’enjeu, ce n’était pas d’être “plus vrai que l’IA”, mais de rester libre de créer, même dans un monde où l’imitation est devenue la norme ? Parce que c’est ça, au fond, le vrai danger : pas que l’IA prenne notre place. Mais qu’on arrête de croire qu’on en avait une à défendre.
Authentique ≠ vulnérable : les pièges de la transparence
On nous a vendu la transparence comme une vertu. Comme la suite logique d’un monde connecté, d’un web social, d’une ère où tout est partageable, racontable, exportable. On nous a soufflé, presque en chuchotant dans l’oreille numérique : “plus tu montres, plus tu touches”. Et comme beaucoup de choses dans notre monde, ça avait l’air vrai. Parce que oui, parfois, quand quelqu’un ose dire “j’ai pleuré toute la nuit”, on se sent moins seul. Quand une créatrice raconte sa rupture, son burn-out ou son diagnostic, il se passe quelque chose d’humain, de fragile, de réconfortant. Mais cette émotion-là, ce lien qu’on ressent à travers l’écran, est-il encore de l’authenticité… ou déjà de la performance ? Où est la frontière entre sincérité et capitalisation émotionnelle ?
Le mot-clé, ici, c’est “récit”. Et le récit, ça s’orchestre. Tu ne pleures pas n’importe quand. Tu ne parles pas de ta douleur sans réfléchir à l’impact, au moment, au cadrage. Même quand tu veux “juste être vrai”, tu choisis ce que tu dis, comment tu le dis, et ce que tu tais. Tu modules. Tu coupes. Tu structures. Parce que la douleur brute, ça ne passe pas. Ce n’est pas consommable. Ce n’est pas joli. Ce n’est pas optimisé. Alors tu la transformes. Tu fais une story. Un post. Un TikTok confessionnel, lumière tamisée, fond sonore un peu triste mais pas trop dramatique. Et tu dis “je veux juste partager ça avec vous parce que je sais que je ne suis pas la seule”. Et tu le penses. Mais tu sais aussi que ça va toucher. Que ça va résonner. Que ça va performer. Et c’est là que la transparence devient un piège.
On ne parle pas ici de mensonge. On parle d’exposition. D’un système dans lequel ce que tu vis n’existe vraiment que lorsqu’il est raconté. Et plus l’émotion est forte, plus elle génère de l’engagement. C’est mathématique. Ce qui pleure, ce qui tremble, ce qui confesse : ça clique. Alors à force, tu n’es plus seulement en train de vivre quelque chose. Tu es aussi en train de te demander si ça vaut la peine d’être documenté. Est-ce que cette crise d’angoisse mérite un post ? Est-ce que cette réflexion douloureuse peut être transformée en contenu utile ? Et tu culpabilises. Parce que tu ne veux pas “utiliser” ta douleur. Mais en même temps… tu veux être entendue. Tu veux connecter. Tu veux que ça serve à quelque chose. Et c’est exactement là que le système t’a eue.
On t’a appris que ta voix avait de la valeur, mais surtout quand elle révèle quelque chose d’intime. Qu’il fallait être “vrai” pour exister. Mais un “vrai” esthétiquement recevable. Socialement partageable. Politiquement acceptable. Et surtout : narrativement cohérent. La sincérité pure, brute, non linéaire, désordonnée ? Personne ne sait quoi en faire. Trop dérangeante. Trop opaque. Alors tu simplifies. Tu résumes. Tu racontes ton trauma comme un arc narratif. Tu mets des mots sur ce que tu ressens avant même de l’avoir complètement vécu. Tu deviens ta propre voix off, ton propre montage émotionnel. Et petit à petit, sans même t’en rendre compte, tu glisses de “je me confie” à “je me scénarise”.
Il y a une économie de la vulnérabilité. Et elle est rentable. Il suffit de regarder les comptes qui explosent grâce à une confession virale, une vidéo de larmes vraies ou feintes, une série de posts “journée difficile mais je me relève”. C’est inspirant. C’est motivant. C’est humain. Mais c’est aussi calibré. La vraie douleur, celle qui fige, celle qui ne produit rien, celle qui t’empêche de parler, celle-là ne fait pas d’audience. Elle ne génère pas de dopamine. Elle est silencieuse, invisible, impubliable. Elle n’existe pas sur les réseaux. C’est pour ça que tant de personnes se sentent seules alors même qu’elles suivent des créateurs qui “se livrent”. Parce qu’on confond vulnérabilité mise en scène avec vécu réel. Parce qu’on a fini par croire que la souffrance était seulement légitime quand elle est bien racontée.
Et il y a pire. Il y a ce moment où tu commences à t’auto-observer. Où tu vis un truc difficile et que, au lieu de juste le vivre, tu te demandes “comment je pourrais en parler ?”. Tu découpes ton propre vécu en reels potentiels. Tu transformes une dispute, une rechute, une angoisse en brouillon de texte. Tu deviens ton propre contenu. Tu t’instrumentalises. Et c’est là que le piège de la transparence devient une forme d’aliénation. Tu crois que tu prends le pouvoir sur ton récit. En fait, tu t’y enchaînes.
Mais attention, ça ne veut pas dire qu’il faut tout fermer, tout cacher, tout verrouiller. Ce n’est pas un plaidoyer pour le silence ou le déni. Ce que je dis, c’est qu’on a glissé sans s’en rendre compte dans une idéologie de la transparence qui ne dit pas son nom. Une injonction douce, bienveillante en apparence, mais insidieuse : “sois toi-même… mais devant tout le monde”. Et si possible avec cohérence, fluidité, authenticité, et une esthétique travaillée. Le “je n’ai rien à cacher” est devenu une posture morale. Le “je montre tout” est valorisé. Mais à quel prix ? Quand chaque émotion devient un matériau narratif, qu’est-ce qui reste pour soi ? Pour le silence ? Pour l’intime ? Pour le non-raconté ?
Peut-être qu’on a oublié que l’authenticité ne passe pas forcément par la mise à nu. Qu’on peut être vrai sans être transparent. Qu’on peut être sincère sans tout dire. Que l’identité, ce n’est pas ce qu’on livre, mais ce qu’on choisit de préserver aussi. Parce qu’il y a une force dans l’opacité. Dans le droit au flou. À la nuance. À l’indicible. Refuser de tout raconter, ce n’est pas se cacher. C’est se protéger. C’est se garder. C’est poser une limite là où l’algorithme voudrait qu’on s’étale.
Et ça, c’est un acte politique. Refuser d’être exploitable jusque dans ses blessures. Refuser de transformer sa tristesse en engagement. Refuser de monétiser sa peine. Ce n’est pas être moins créateur·ice. C’est être plus libre. Et peut-être même, plus vrai·e.
Ce que j’essaie de dire, c’est que la vulnérabilité, ce n’est pas le contenu. C’est la matière première. Et comme toute matière brute, elle doit être maniée avec soin. Avec respect. Avec pudeur parfois. Parce que ce qu’on vit n’a pas toujours besoin d’être raconté pour exister. Et que le monde n’a pas forcément droit d’entrée dans ton chaos intérieur.
Alors la prochaine fois qu’on te dit “tu devrais en parler, ça pourrait aider les autres”, tu as le droit de répondre : “je suis encore en train de m’aider moi-même, et c’est déjà beaucoup”. Parce qu’être vrai, parfois, c’est savoir quand se taire. Quand garder pour soi. Quand dire “non, pas maintenant”. Et ça, c’est une forme d’authenticité qu’aucun algorithme ne peut capter.
Peut-on encore créer du vrai ?
Créer du vrai, aujourd’hui, c’est presque un oxymore. C’est comme dire “silence publicitaire” ou “chaos organisé” : deux mots qui semblent vouloir coexister, mais qui s’annulent dans la réalité. Le vrai, dans le langage courant, c’est ce qui vient de l’intérieur, ce qui échappe au calcul, ce qui naît d’une nécessité intime, presque viscérale. Sauf que dans notre monde, tout est calcul. Même ce qu’on appelle “intime” est passé à la moulinette du formatage : l’intime vend, l’intime performe, l’intime est optimisé. Et la création, elle, nage là-dedans. Elle tente de surnager, parfois, mais elle est happée par le courant. Alors la question n’est plus seulement “peut-on encore créer du vrai ?”, mais “comment continuer à créer quand tout ce qu’on produit est immédiatement absorbé, analysé, classé et recyclé par un système qui ne cherche pas du sens mais du rendement ?”
On ne crée plus pour explorer. On crée pour publier. Pour alimenter. Pour faire vivre une audience, un rythme, un algo. Il faut poster, sortir, publier, montrer, teaser, analyser. Il faut qu’il y ait du “nouveau”. De l’actif. Du visible. Tu ne travailles plus sur un livre, tu “build in public”. Tu n’écris plus une chanson, tu crées un son TikTok potentiellement viral. Tu ne fais plus un podcast, tu découpes d’avance les extraits qui pourraient “perfer” sur Insta. Et dans cette course, qu’est-ce qu’on perd ? La lenteur. L’errance. L’espace. Et surtout : l’inutile. Or, c’est souvent dans l’inutile que naît le plus juste. Le plus beau. Le plus imprévisible.
Créer du vrai, ce n’est pas chercher le vrai. C’est accepter de ne pas savoir ce que tu fais. De ne pas savoir si ça va plaire. De ne pas anticiper. De ne pas répondre à une tendance. De ne pas viser un KPI. C’est accepter l’inconfort du doute, le vertige de la page blanche sans plan de monétisation, l’angoisse de faire quelque chose qui ne rentre dans aucune case. C’est désobéir à l’efficacité. Résister à l’optimisation. Laisser de la place à ce qui déborde, à ce qui ne sert à rien, à ce qui n’est pas rentable.
Mais soyons honnêtes : qui peut se le permettre aujourd’hui ? Créer lentement dans un monde qui exige du nouveau chaque jour, c’est un luxe. Créer sans format, sans ligne édito, sans deadline, c’est un privilège. Et le plus tragique, c’est qu’on le sait. Alors on fait des compromis. On habille le fond avec la forme. On choisit nos angles. On rend le chaos digeste. On packe nos tripes dans des reels de 90 secondes, avec une voix off propre et un sous-titrage jaune. On est sincères, oui. Mais jamais sans conscience du contexte. On est vrais, mais polis. Et même quand on veut être brut, on est brut avec style. Parce qu’il faut bien que ça tienne dans le feed.
Et pourtant… malgré tout ça, malgré l’absurde, malgré l’asphyxie du système, on continue. À écrire. À chanter. À parler. À créer. Parce que c’est plus fort que nous. Parce que même déformée, même ralentie, même arrachée au fond de notre fatigue, la création reste un instinct. Un besoin. Une rébellion douce contre le vide. Et c’est peut-être là que réside le “vrai” aujourd’hui : pas dans le produit fini, mais dans l’acte même de continuer. De produire du sens, même quand tout pousse à faire du bruit.
Créer du vrai, ce n’est plus forcément faire du neuf. Ce n’est pas non plus faire du “pur”. Ce n’est pas s’enfermer dans une tour d’ivoire ou refuser la technologie. C’est interroger le geste. Pourquoi j’écris ça ? Pour qui ? Pour quoi ? Qu’est-ce que j’essaie de dire, vraiment ? Et si la réponse, c’est “je ne sais pas encore”, alors c’est peut-être déjà un bon début. Parce qu’on a oublié que l’incertitude est fertile. Que l’erreur est féconde. Que le faux-pas peut révéler une autre voie. Et que parfois, c’est dans les angles morts de nos intentions que se cachent nos vérités les plus puissantes.
Il ne s’agit donc pas de rejeter les outils. L’IA, les plateformes, les formats courts : tout ça peut être utile. Stimulant même. Ce sont des moyens. Pas des fins. Le piège, c’est quand le moyen devient le maître. Quand tu commences à écrire en pensant à la performance au lieu de penser à la sensation. Quand tu construis ton récit non pas sur ce que tu veux dire, mais sur ce que tu crois qu’on attend. Quand tu décides que ta création doit être comprise, digeste, immédiatement classable. C’est là que tu perds. Pas ta crédibilité. Pas ton audience. Toi. Ton lien avec ton propre langage. Ta propre voix.
Et parfois, pour revenir au vrai, il faut disparaître un peu. S’effacer du flux. Se retirer. Couper le bruit. Éteindre le besoin de publier. Créer sans rien dire à personne. Travailler dans le noir, sans promesse de résultat. Revenir au geste nu, maladroit, non monétisé. Écrire une scène sans savoir si elle finira dans un roman. Composer un morceau sans plan de sortie. Juste pour voir. Juste pour ressentir. Juste pour réentendre ce que ta voix te dit quand personne ne l’écoute encore.
Parce que le vrai ne crie pas toujours. Il ne brille pas forcément. Il ne viralise pas. Il ne suit pas les tendances. Il te regarde dans les yeux, parfois sans mots, parfois en désordre. Il se cache dans les fissures. Il attend que tu le reconnaisses. Et il te met face à toi-même. Sans filtre. Sans voix off. Sans storytelling. Il n’est pas toujours intéressant. Ni joli. Ni vendable. Mais il est là. Et il mérite d’exister.
Alors peut-on encore créer du vrai ? Oui. Mais pas sans douleur. Pas sans résistance. Pas sans renoncer à une partie du confort. Créer du vrai, aujourd’hui, c’est une forme de dissidence douce. C’est refuser de produire à la chaîne ce que l’on pourrait crier avec le ventre. C’est ralentir quand tout s’accélère. C’est douter à haute voix quand tout le monde prétend être sûr de tout. C’est écrire comme si personne ne lisait. Parler comme si chaque mot était une tentative, pas un produit. C’est revenir à l’essentiel : une présence, un souffle, une émotion qui survit au format.
Et si tu veux une preuve que c’est encore possible, regarde autour de toi. Il y a des livres qui ne s’expliquent pas, des voix qui n’entrent dans aucune case, des images qui échappent au branding. Il y a des créateurs et créatrices qui, malgré tout, font surgir quelque chose de vrai dans le tumulte. Ce ne sont pas toujours les plus visibles. Ce ne sont pas ceux qu’on te met en avant. Mais ils existent. Et toi aussi, tu peux faire partie de ça. Pas en criant plus fort. En écoutant plus doucement.
“Flatmate of Apartment 404” : la voix derrière la porte
Il y a une autre pièce dans cet appartement sonore qu’est Cappuccino & Croissant. Une pièce sans lumière vive, sans cappuccino mousseux, sans sarcasmes bien placés. Elle vibre autrement. Plus lentement. Plus loin. Une chambre verrouillée où les murs sont faits de souvenirs bricolés, de voix en désordre et de phrases que seules comprennent celles et ceux qui les portent depuis longtemps. Cette pièce, c’est Flatmate of Apartment 404.
Et non, ce n’est pas un autre podcast. Ce n’est pas un spin-off, ni un recyclage de contenu. C’est un lieu. Une faille. Une fréquence parallèle. C’est ce qui se passe quand on coupe les caméras, qu’on débranche l’ironie, qu’on laisse les personnages parler sans public. C’est là que je lis. Trois fois par semaine. En anglais. Des chapitres entiers de mes romans. Des short stories. Des fragments qui vivent dans les livres, à l’intérieur, pas autour. Ce n’est pas là pour divertir. Ce n’est pas une performance. C’est une autorisation d’exister.
Pourquoi “Flatmate” ? Pourquoi “Apartment 404” ? Parce que c’est une métaphore qui a muté, comme toutes les bonnes métaphores. Au début, c’était une blague entre moi et ma partenaire de RP. On disait qu’on partageait un “cerveau commun”, comme une colocation mentale dans laquelle nos personnages vivaient à des étages différents, mais gardaient leurs portes entrouvertes. Certains étaient voisins de palier, d’autres prenaient l’ascenseur pour se croiser. Et c’est resté. C’est devenu un écosystème. Ça s’est infiltré dans mes romans, mes fragments, mes entre-deux. Et un jour, j’ai compris que Apartment 404, ce n’était pas qu’un décor. C’était l’endroit où vivent tous ceux que je ne peux pas oublier. Mes voix. Mes erreurs. Mes autres moi. Mes colocataires.
Et puis, il y a le 404. L’erreur. La page introuvable. L’espace qui existe sans exister. C’est ça, l’Appartement 404 : un lieu qu’on ne trouve jamais sur une carte, mais où on retourne toujours quand on ferme les yeux. L’espace entre deux scènes. Entre deux phrases. Entre deux crises. Une adresse symbolique pour tout ce qui échappe à la logique. Tout ce qui survit dans l’ombre des récits trop bien structurés. Une zone grise pleine de pixels défectueux, de souvenirs fragmentés, de voix trop fortes pour se taire, mais trop bancales pour entrer dans le storytelling classique.
Dans ce podcast, ce n’est pas moi qui lis. C’est une voix automatique. Neutre. Synthétique. Celle que Google propose pour les audiobooks. Pas une influenceuse qui lit un extrait de son livre pour teaser un achat. Pas une performance calibrée. Juste une voix qui lit. Parce qu’il fallait que ça sorte. Parce que c’était trop fort pour rester dans un dossier. Parce que même imparfaite, même désincarnée, cette lecture permet d’exister. Et l’anglais, ici, ce n’est pas une posture. C’est la langue de l’entre-deux. Celle des rêves, des confessions, des morceaux de moi qui ne supportaient plus la syntaxe française. Cette voix-là, elle me protège. Elle me trahit. Elle me traduit. Et elle laisse vivre les Flatmates.
Tu y croiseras des femmes qui hurlent sans bruit. Des intelligences artificielles qui saignent. Des hommes qui se souviennent mal. Des enfants qui marchent sur des lignes de code. Tu entendras les murmures de Zooey, les confessions glitchées de Niohmar, les colères de Mia, les silences qui n’ont trouvé leur place nulle part ailleurs. Il n’y a pas de décor. Pas d’intro catchy. Pas de script. Pas de “salut à tous”, pas de jingle. Juste une voix. Une histoire. Une invitation à rester, ou à fuir. À écouter, ou à refermer la porte. Tu choisis.
Et je préfère le dire franchement : ce n’est pas pour tout le monde. Ce n’est pas fait pour flatter l’algorithme. Ce n’est pas viral. Ce n’est pas joli. C’est souvent bancal. Mal mixé. Mal foutu. Mal placé. Et c’est justement pour ça que ça existe. Parce que j’avais besoin d’un endroit où le vrai ne soit pas découpé en reels, où l’émotion ne soit pas traduite en call-to-action. Un lieu pour créer sans mesurer. Publier sans marketer. Lire sans devoir expliquer. Apartment 404, c’est mon no man’s land narratif. Et si tu veux y entrer, sache que ce n’est pas éclairé. Ce n’est pas chaleureux. Ce n’est pas décoré. Mais c’est vivant. Ça respire. Ça ne t’attendait pas, mais ça peut t’accueillir.
J’ai voulu placer ce segment ici, dans un épisode sur l’authenticité, parce qu’Apartment 404 en est une forme. Pas l’authenticité marketée. Pas celle qu’on monétise avec un “revenez demain pour la suite”. Une authenticité bancale. Désordonnée. Brute. Mais surtout non négociable. C’est l’endroit où je ne me vends pas. Où je ne performe pas. Où je ne cherche pas à plaire. C’est pour ça que j’y publie trois fois par semaine. Sans prévenir. Sans stratégie. Juste parce que ces voix-là ne veulent pas attendre. Parce qu’elles existent. Parce qu’elles me hantent. Parce qu’elles me traversent. Et qu’elles doivent sortir. Alors je les lis. Je les offre. Et je les laisse flotter dans l’Appartement.
Tu veux savoir si c’est pour toi ? Je ne peux pas te répondre. Mais si tu as déjà ressenti ce moment étrange où un personnage de roman t’a mieux compris qu’un ami. Si tu parles à tes fictions comme à des colocataires. Si tu crois que l’imaginaire est un refuge plus vrai que ton actualité. Si tu préfères les textes qui désarçonnent à ceux qui séduisent… alors peut-être que tu reconnaîtras cette vibration. Peut-être que toi aussi, tu es un voisin du 404. Peut-être que tu entends ces voix depuis longtemps, sans savoir qu’il existait un endroit où les écouter sans honte.
C’est ici. Enfin… là-bas. Sur Spotify, YouTube, Apple podcast, Amazon… Flatmate of Apartment 404. Trois fois par semaine. Sans règles. Juste des voix. Des histoires. Des erreurs. Et quelques fragments de réel, perdus dans les interférences. Laisse-toi guider par le bruit de fond. Peut-être qu’il aura quelque chose à te dire.
Conclusion
Et au fond, peut-être que c’est ça, le seul terrain qui nous reste. Non pas celui de l’authenticité parfaite – elle n’existe pas – mais celui du choix. Le choix de créer quand même, malgré la saturation. Le choix de dire des choses qui ne sont pas rentables, pas toujours jolies, pas toujours “engageantes”. Le choix de continuer à parler avec sa voix, même quand l’IA nous tend un micro pré-réglé. Le choix de garder certaines choses pour soi, de confier d’autres à la foule, de tracer sa ligne entre les deux. Le choix de fabriquer du sens dans un monde qui recycle tout en contenu. Parce qu’à force d’être regardés, analysés, clonés, on en oublierait presque qu’on a encore du pouvoir. Celui d’être indéchiffrables. Imprévisibles. Inadaptés. Et c’est peut-être là, dans cette résistance-là, que se cache notre humanité la plus féroce.
Alors si ce podcast t’a fait réfléchir, sourire ou grincer des dents, t’as deux options : tu fais semblant de n’avoir rien entendu et tu retournes scroller dans ton feed. Ou tu t’abonnes. Tu notes. Tu partages. Tu ouvres la porte. Parce que Cappuccino & Croissant, c’est pas juste un rendez-vous audio. C’est un foutu écosystème. Il y a des livres. Il y a de la musique. Il y a d’autres voix. Il y a Apartment 404, pour les fragments que je lis en anglais, sans filet. Il y a tout un monde derrière ce micro. Et j’aimerais bien t’y croiser.
Alors clique. Abonne-toi. Et surtout : reste curieux. Parce que la suite ? Je te promets qu’elle ne sera ni lisse, ni attendue. Juste… nécessaire.
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