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Chanel : une icône éternelle

Dernière mise à jour : 25 avr.

Bienvenue dans cet épisode de Cappuccino & Croissant, où on explore aujourd’hui un monument de la mode et du luxe, une maison qui a redéfini les codes du chic : Chanel. Mais attendez, ne partez pas tout de suite en pensant qu’on va juste parler de sacs en tweed et de chaussures bicolores. Loin de là. Si Chanel incarne le glamour, elle a aussi construit son empire sur des choix audacieux, des moments marquants, et un marketing qui a fait de chaque produit un objet de désir.


Gabrielle Chanel, alias Coco, ne s’est pas contentée de jouer avec les tendances de son époque ; elle les a dynamitées. Et si vous pensez que le luxe d’aujourd’hui n’a rien à voir avec les idées de liberté et d’audace qu’elle portait, c’est qu’il est temps de s’intéresser de plus près à son histoire. Depuis les débuts de la petite boutique de chapeaux aux créations audacieuses, jusqu’au géant du luxe qu’on connaît, Chanel a traversé les époques, avec ses hauts, ses bas, ses guerres, et surtout, ses réinventions.


Dans cet épisode, on va décortiquer l’histoire de cette maison iconique. Nous parlerons des débuts de Coco, de l’ère Lagerfeld qui a réveillé Chanel dans les années 80, des codes de la marque qui ont façonné la culture populaire, et même de son influence sur la façon dont on consomme le luxe aujourd’hui. Entre héritage et innovation, Chanel a su se réinventer sans jamais se renier.


Alors, préparez-vous à découvrir comment une marque parvient à rester fidèle à elle-même tout en capturant l’air du temps, et pourquoi, un siècle après sa création, Chanel continue de fasciner.


Les débuts de chanel et l’ère coco (1910-1954)


Gabrielle Chanel, ou Coco pour les intimes – et bientôt le monde entier – n’avait ni fortune, ni nom prestigieux pour la porter vers la célébrité. Née en 1883 dans la petite ville de Saumur, son enfance est, disons-le, bien éloignée du glamour et de l’élégance qu’elle incarnera plus tard. Après la mort de sa mère, Coco est envoyée dans un orphelinat tenu par des religieuses, une période qui semble façonner son amour pour la simplicité et la rigueur. "L’élégance vient de l’austérité", affirmait-elle, probablement en souvenir des robes noires et des uniformes sans fioritures des religieuses qui ont marqué son adolescence.


Elle débute modestement en 1910, en ouvrant sa première boutique de chapeaux au 21 rue Cambon à Paris sous le nom de "Chanel Modes." Rapidement, elle se démarque avec des créations sobres et élégantes, qui attirent les regards de quelques figures influentes de la société parisienne, parmi elles, l’actrice Gabrielle Dorziat. Coco comprend vite le potentiel des réseaux sociaux… du 20ème siècle : les célébrités. Dorziat porte ses chapeaux dans une pièce de théâtre populaire, et voilà le nom de Chanel propulsé dans l’arène.


Derrière le chapeau se cache une vision plus vaste : libérer les femmes des carcans vestimentaires, littéralement. Chanel ose s’attaquer aux corsets, aux robes bouffantes, aux tissus étouffants, et surtout à l’idée que les femmes doivent souffrir pour être belles. "Je veux que les femmes soient libres", disait-elle. En 1913, elle ouvre une boutique à Deauville où elle propose des vêtements de sport… pour femmes ! Oui, l’idée paraît simple aujourd’hui, mais à l’époque, une femme qui porte un pantalon ou une tenue de sport est vue comme une excentrique, au mieux, une scandaleuse, au pire. Chanel, cependant, persiste. Elle introduit le jersey, une matière confortable, souvent utilisée pour les sous-vêtements masculins. Le pari est risqué, mais il paie : les femmes commencent à acheter ces créations, séduites par ce mariage entre style et confort.


Arrivent les années 20 et Chanel devient une icône, une visionnaire. Elle invente ce qui est sans doute la pièce la plus emblématique de sa carrière : la petite robe noire. En 1926, Vogue la décrit comme la "Ford" de la mode, une robe universelle, accessible à toutes, dans laquelle on peut se rendre à un cocktail, un rendez-vous, ou même à un enterrement sans fausse note. Le noir, jusqu’ici réservé au deuil, devient, entre ses mains, la couleur de l’élégance pure, un concept radical pour l’époque.


Et puis, il y a le parfum Chanel N°5. En 1921, Coco s’associe avec le parfumeur Ernest Beaux pour créer une fragrance qui "sent la femme", un parfum qui ne soit ni floral, ni fruité, mais abstrait, complexe, moderne. Beaux présente deux séries d’échantillons numérotés de 1 à 5 et de 20 à 24, et Coco choisit… le numéro 5. La légende raconte qu’elle a déclaré : "Je lance ma collection le 5 mai, le cinquième jour du cinquième mois, donc gardons ce numéro." Ce choix, au-delà de l’anecdote, révèle aussi l’intuition marketing de Chanel. Chanel N°5 devient un phénomène, un symbole de luxe accessible et de mystère. Marilyn Monroe, interrogée sur ce qu’elle porte pour dormir, répond "Juste quelques gouttes de Chanel N°5". La réplique fait l’effet d’un tremblement de terre dans le monde de la mode et transforme le parfum en une légende vivante.


Pendant les années 30, Coco Chanel s’établit comme une incontournable de la scène internationale, mais la Seconde Guerre mondiale va tout bouleverser. Chanel ferme ses boutiques en 1939, à l’exception de celle de la rue Cambon. Les années de guerre sont un chapitre sombre pour elle, marqué par des choix personnels et politiques qui entacheront sa réputation. Il est documenté qu’elle entretenait une relation avec un officier allemand, Hans Günther von Dincklage, une alliance qui suscitera controverses et accusations après la guerre. En 1944, elle est brièvement arrêtée, mais l’intervention de figures influentes, comme Winston Churchill, lui évite une condamnation.


Après la guerre, la mode a changé. Le New Look de Dior fait fureur, avec ses silhouettes extravagantes et ses tailles serrées. Pourtant, en 1954, à l’âge de 71 ans, Coco revient, défiant les critiques qui la voient comme une relique du passé. Elle relance sa maison avec une collection qui va à contre-courant des tendances, avec des lignes simples et des coupes pratiques. Son tailleur en tweed, inspiré des vestes masculines, devient un autre emblème de son style, combinant confort et élégance. "J'ai rendu aux femmes leur liberté", aimait-elle répéter. Et cette liberté-là, c’est celle de se sentir forte, de pouvoir bouger, travailler, et vivre sans entraves.


L’histoire de Chanel n’est pas seulement celle d’une marque, mais celle d’une révolution silencieuse dans le vestiaire féminin, et d’une personnalité qui a su imposer sa vision au monde entier, coûte que coûte.


Renaissance et succès sous karl lagerfeld (1983-2019)


Lorsque Karl Lagerfeld prend les rênes de Chanel en 1983, la maison est au bord de la désuétude. Après le décès de Coco en 1971, les collections successives n’ont pas réussi à capturer l’essence de son style. Mais Karl Lagerfeld, de son éternelle veste noire et ses lunettes de soleil omniprésentes, comprend qu'il n’est pas là pour faire du “Coco”, mais pour réinventer. "Chanel, c’est une chose inimitable", dira-t-il. "Le secret n’est pas de copier, mais de capturer son esprit."


À son arrivée, Lagerfeld injecte un souffle de modernité dans la marque tout en respectant les éléments emblématiques de Coco. Son génie réside dans sa capacité à jouer avec les codes : il reprend le tweed, le noir et blanc, le double C, et les chaînes dorées, mais avec une audace nouvelle. Par exemple, il prend le célèbre tailleur en tweed, rigide et formel, et le transforme en pièce rock et rebelle, en le raccourcissant, en l’associant à des accessoires inattendus. La modernité devient le nouveau mantra de Chanel.


Karl Lagerfeld comprend très vite qu’un défilé Chanel n’est pas seulement une présentation de vêtements, mais un événement culturel. Les shows Chanel se transforment en expériences artistiques grandioses. En 2008, il recrée littéralement une rue parisienne à l’intérieur du Grand Palais, avec ses pavés, ses réverbères, et ses façades haussmanniennes, tandis que les mannequins défilent comme si elles allaient acheter leur baguette. En 2014, le supermarché Chanel devient légendaire : les invités découvrent un décor reproduisant un supermarché grandeur nature, où les mannequins poussent des chariots remplis de produits “Chanelisés”. “Je voulais montrer que la mode doit être aussi accessible que les courses du quotidien,” expliquait Lagerfeld, une ironie mordante dans une industrie où le sac le plus simple frôle les milliers d’euros.


Ces décors, à la fois audacieux et spectaculaires, transforment chaque show Chanel en événement incontournable. Les stars se pressent, les journalistes s’extasient, et les réseaux sociaux explosent. Chanel n’est plus seulement une marque de vêtements, mais un spectacle, une célébration de l’imaginaire.


Lagerfeld est le maître du jeu de l’image, et il en fait un atout essentiel pour Chanel. Il choisit des égéries qui incarnent un idéal Chanel modernisé, comme Vanessa Paradis, égérie pour le sac Cambon dans les années 90, suivie par Lily-Rose Depp, une nouvelle génération d’ambassadrices qui allient l’authenticité et la sophistication. Lagerfeld comprend aussi l’importance de l’image digitale : en un sens, il est le précurseur des réseaux sociaux avant leur temps, en misant sur des campagnes visuelles fortes et iconiques.


"Il savait que chaque image pouvait devenir un mythe," déclarait Virginie Viard, sa successeure. Et effectivement, avec chaque publicité, chaque séance photo, Lagerfeld crée non seulement une esthétique, mais une légende autour de Chanel. Dans les années 2000, il collabore avec des photographes de renom pour capturer des images puissantes, qui se transforment en véritables œuvres d’art. Avec Keira Knightley, il tourne des mini-films qui ne sont plus seulement des publicités, mais des courts-métrages immersifs.


Sous Lagerfeld, Chanel devient une marque où chaque produit a un sens, chaque détail est réinventé. Le sac 2.55, par exemple, est revisité à l’infini, avec des matériaux modernes, des motifs variés, tout en gardant le fameux matelassage et la chaîne entrelacée de cuir, symboles d’un luxe discret mais affirmé. Lagerfeld dira même un jour que "si Chanel changeait, elle mourrait. Mais si elle reste immobile, elle s’effondrera".


C’est aussi sous Lagerfeld que Chanel s’étend de manière stratégique : la mode est rejointe par des gammes de produits de beauté, de lunettes, et de haute joaillerie. Les créations de Chanel s’invitent partout, de la garde-robe aux accessoires du quotidien, renforçant l’idée que Chanel n’est pas seulement une marque de mode, mais un style de vie. En parallèle, il élève la marque dans la haute joaillerie avec la collection “Camélia”, inspirée de la fleur fétiche de Coco, et dans les parfums, toujours dominés par le Chanel N°5, devenu le parfum le plus vendu au monde.


Karl Lagerfeld est resté à la tête de Chanel pendant 36 ans, un règne presque inégalé dans l’industrie de la mode, marquant chaque décennie d’une touche d’excentricité et de vision. Lorsqu’il décède en 2019, le monde de la mode perd un visionnaire, et Chanel perd son génie. Mais Lagerfeld laisse un héritage impérissable, un empire qui continue d’influencer le luxe mondial. Chanel sous Lagerfeld, c’est l’histoire d’une renaissance, d’une métamorphose d’un label endormi en une superpuissance culturelle. Et comme il l’a dit lui-même, “la mode est éphémère, mais le style, lui, est éternel.”


L’impact culturel et influence dans le monde du luxe


Si une marque a réussi à transcender les époques pour devenir bien plus qu’un symbole de mode, c’est bien Chanel. Elle incarne l’élégance française, le luxe à la française, et, au-delà, un style de vie. Aujourd’hui, Chanel n’est pas seulement une maison de couture mais une force culturelle, influençant non seulement l’industrie de la mode, mais aussi la culture populaire et la perception du luxe à l’échelle mondiale.


L’impact de Chanel sur la société ne s’est pas limité à ses créations vestimentaires. Coco Chanel a en quelque sorte prédit – voire provoqué – la libération féminine à travers ses vêtements. Loin des corsets étriqués et des accessoires contraignants, elle prône un style qui épouse le corps, accompagne le mouvement et, en un mot, libère. Les femmes de l’époque trouvent dans les créations de Chanel une forme de revendication silencieuse. Avec ses pantalons, ses chemises aux coupes franches et sa "petite robe noire", Chanel réinvente la garde-robe féminine pour toutes les classes sociales. Le magazine Vogue la qualifie même de "première féministe de la mode".


Mais Chanel ne s’arrête pas là. Sa conception du luxe repose sur l’idée d’une discrétion élégante, bien différente des extravagances de certaines marques concurrentes. Loin des logos surdimensionnés, Chanel fait de la subtilité un art. Le logo double C n’est pas là pour briller de mille feux ; il est là pour rappeler une histoire, un héritage, sans en dire trop. "Le luxe, c’est ce qui est beau même à l’envers," affirmait Coco, résumant ainsi sa philosophie. Elle vise une clientèle qui sait, qui comprend sans qu’on ait besoin de lui montrer.


Dans les années 1950, Chanel prend une dimension culturelle mondiale grâce au mythique parfum Chanel N°5. Quand Marilyn Monroe répond à une interview en disant qu’elle ne dort vêtue que de "quelques gouttes de Chanel N°5", la déclaration fait l’effet d’une bombe. Coco Chanel, qui n’a jamais été amie avec la fausse modestie, déclare alors : "Merci, Marilyn. Vous avez fait pour le N°5 plus que moi en toute une vie." D’autres icônes suivent : Catherine Deneuve, Nicole Kidman, Keira Knightley, et Audrey Tautou. Chacune incarne à sa manière une vision de la féminité qui évolue, qui s’adapte, mais qui reste fidèle à l’essence de Chanel. Le choix de ces égéries n’est jamais innocent : il s’agit de personnalités qui, tout en étant reconnues, gardent une part de mystère et d’élégance.


Les campagnes publicitaires de Chanel jouent sur cette image, entre sophistication et accessibilité. Dans les années 2000, le court-métrage de Baz Luhrmann pour Chanel N°5, mettant en scène Nicole Kidman, est une première dans le genre. C’est un mini-film de plusieurs millions de dollars, une déclaration d’intention qui dit : Chanel n’est pas qu’une marque, c’est un univers. Ce modèle publicitaire devient une référence dans le secteur du luxe, inspirant des marques comme Dior, qui tentent d’adopter cette narration cinématographique.


L’approche de Chanel vis-à-vis du luxe n’est pas seulement esthétique, elle est conceptuelle. Lagerfeld, qui a modernisé la marque tout en respectant ses traditions, explique : "Chanel, c’est l’art de l’intemporel." Il évoque souvent la "durabilité" de la mode de Chanel, un concept qui contraste avec la tendance de consommation effrénée dans l’industrie du luxe moderne. Alors que certaines marques de luxe se jettent à corps perdu dans la fast fashion de haute couture, Chanel préserve une image de rareté. Le sac 2.55, les tailleurs en tweed et même le parfum Chanel N°5 ne sont pas des articles de saison. Ce sont des investissements à vie, des symboles qui prennent de la valeur au fil des années.


Aujourd’hui, cette stratégie inspire de nombreuses marques. Hermès, par exemple, adopte une stratégie similaire en restreignant l’accès à certains de ses modèles, accentuant le désir autour de ses créations. Les influenceurs et les célébrités jouent un rôle dans ce jeu de prestige, mais Chanel garde ses distances, en évitant le piège du "trop vu, trop accessible". À ce jour, peu de marques parviennent à atteindre ce niveau de désirabilité.


L’influence culturelle de Chanel va au-delà de la mode et du marketing. Des musées à travers le monde lui consacrent des expositions, comme le Metropolitan Museum of Art de New York avec son exposition "Chanel: Beyond Fashion". Le MoMA, quant à lui, intègre le flacon de Chanel N°5 à sa collection permanente de design, un symbole de l’influence de la marque au-delà de l’univers du parfum. Même dans la musique et le cinéma, Chanel se retrouve comme un symbole d’élégance. La "petite robe noire" est devenue une référence culturelle, portée dans des films, mentionnée dans des chansons, et reprise dans des œuvres d’art.


Pour Chanel, cette omniprésence culturelle est une façon de garantir une pérennité que la mode, par définition éphémère, ne peut offrir. En apparaissant dans des œuvres artistiques et dans des musées, Chanel s’inscrit dans la durée, dans une sorte de musée imaginaire où la marque devient un artefact de l’histoire moderne.


Finalement, Chanel a su se construire non seulement comme une marque de luxe, mais comme un véritable pilier culturel. En 2024, Chanel continue d’innover, mais reste fidèle à son essence. Elle garde cette aura d’intemporalité, tout en se renouvelant sans cesse, influençant autant la culture de masse que les codes de l’élite. Loin de suivre les tendances, Chanel se les approprie, les redéfinit, et les marque à son empreinte.


Aujourd’hui, à l’ère de la surconsommation, Chanel reste cette exception dans le luxe, une marque qui semble défier le temps et les modes tout en s’ancrant dans les mémoires. À travers ses égéries, ses parfums iconiques, et ses créations, Chanel a façonné notre façon de percevoir le luxe, non comme un besoin d’appartenance, mais comme un art de vivre.


Les stratégies marketing et l’image de marque de chanel


Quand on parle de Chanel, il ne s’agit pas seulement de mode, mais d’une maîtrise du marketing. Si la marque est encore aujourd’hui l’une des plus désirables au monde, c’est parce qu’elle a compris bien avant les autres que vendre du luxe, ce n’est pas vendre un produit : c’est vendre une vision, une expérience et un mythe.


Dès les premières années, Coco Chanel savait que son empire ne pouvait se construire que sur une image d’exclusivité. Et cette leçon a été retenue à la lettre par ceux qui lui ont succédé. Contrairement à des marques comme Louis Vuitton ou Gucci qui se sont associées à des éditions limitées et des collaborations en tout genre, Chanel a longtemps gardé ses collections “en interne”, renforçant ainsi son image de maison fermée, réservée à une élite. Le sac 2.55, par exemple, n’a jamais été bradé ni offert dans des coloris de saison extravagants. Il est resté fidèle à sa forme originale, devenant une sorte de Graal intemporel, impossible à dater.


Chanel comprend également l’art de la rareté. Les boutiques limitent souvent leur stock, non pas parce qu’elles manquent de moyens de production, mais parce qu’elles savent que le désir est la clé du luxe. Selon The Business of Fashion, ce contrôle de la distribution permet de maintenir une perception de rareté. "Chez Chanel, vous n’achetez pas un sac, vous accédez à un cercle," ironise un ancien responsable des ventes. Cette stratégie de limitation renforce le sentiment que posséder une pièce Chanel est une expérience exclusive, presque réservée aux initiés.


Chanel est également passé maître dans l’art du storytelling. La marque ne vend pas seulement des vêtements ou des parfums ; elle vend une histoire, un passé, et surtout, une continuité. Chaque produit Chanel raconte quelque chose : les chaînes du sac matelassé rappellent les ceintures des religieuses de l’orphelinat où Coco a grandi, le camélia est une référence à sa fleur préférée, et le noir et blanc, ses couleurs fétiches, sont devenus une signature visuelle.


Ce storytelling est parfaitement visible dans les campagnes de parfum. Prenons Chanel N°5, ce parfum qui, de Marilyn Monroe à Nicole Kidman, a construit sa propre légende. En 2004, Baz Luhrmann met en scène Nicole Kidman dans un court-métrage où elle fuit une vie de star pour trouver l’amour dans une version cinématographique de New York. La campagne coûte plusieurs millions de dollars mais devient un classique, révolutionnant la publicité de luxe en créant un véritable film autour d’un simple parfum. Le message est clair : Chanel ne vend pas un produit, elle vend une histoire.


Chanel a longtemps évité les excès du marketing numérique et des collaborations avec des influenceurs, en préférant des égéries qui incarnent des valeurs intemporelles. Vanessa Paradis, Keira Knightley, Kristen Stewart et même Pharrell Williams représentent la marque non pas parce qu’ils sont “tendances” mais parce qu’ils apportent à Chanel une image de créativité et de sophistication qui va au-delà des modes passagères.


Chanel utilise des personnalités qui deviennent presque des symboles de la marque, créant une connexion qui semble authentique. Quand Keira Knightley devient l’ambassadrice du parfum Coco Mademoiselle, elle incarne non seulement un parfum, mais toute une idée de la jeunesse, de la sensualité et de la liberté. Les campagnes publicitaires, quant à elles, restent sobres mais puissantes, renforçant l’image d’une marque qui n’a rien à prouver.


Même avec l’arrivée des réseaux sociaux, Chanel maintient une approche très sélective. En 2022, Vogue Business observe que Chanel est l’une des rares marques à éviter les collaborations avec des “micro-influenceurs”, préférant concentrer ses efforts sur des personnalités établies. "C’est une stratégie risquée mais parfaitement alignée avec l’image de la marque," déclare Sarah Willersdorf, experte en marketing de luxe.


Depuis le décès de Lagerfeld, Virginie Viard a pris les rênes de la création chez Chanel. Avec elle, la marque conserve son essence tout en se réinventant subtilement. Viard n’a pas cherché à réinventer la roue ; elle a préféré moderniser l’existant, introduisant des touches de couleur, jouant avec les textures, et adaptant les classiques aux besoins modernes. Par exemple, les vestes en tweed sont désormais plus légères, et les collections intègrent des pièces un peu plus décontractées, sans perdre cette touche de sophistication.


Les défilés sous Viard, bien qu’un peu moins spectaculaires que ceux de Lagerfeld, continuent de jouer sur la magie de Chanel. Que ce soit au Grand Palais ou dans des lieux aussi inattendus que des jardins ou des bibliothèques, Chanel sait captiver sans excès, en jouant sur le décor et l’atmosphère plutôt que sur l’extravagance. Viard a aussi introduit des éléments de mode durable, une évolution bienvenue dans un monde de plus en plus attentif aux questions environnementales, tout en gardant la rareté et l’aura de la marque intactes.


Chanel a réussi à maintenir une stratégie marketing qui fait d’elle non seulement une marque de luxe, mais une icône culturelle. Entre rareté contrôlée, storytelling puissant, et choix calculé de ses égéries, la maison a établi un modèle unique qui inspire de nombreuses autres maisons sans jamais être égalé. Chanel, en 2024, continue de régner, rappelant que dans le luxe, ce n’est pas tant le produit que le rêve qu’il représente qui en fait la valeur.


Conclusion


En parcourant l’histoire et l’évolution de Chanel, on comprend vite que cette maison n’est pas une simple enseigne de luxe, mais une institution à part entière. Depuis les débuts modestes de Coco Chanel, qui bouleversa les codes vestimentaires d’un simple coup de ciseaux, jusqu’aux défilés spectaculaires de Karl Lagerfeld et l’approche subtile de Virginie Viard, chaque chapitre de Chanel semble repousser un peu plus les limites de la mode, redéfinissant sans cesse ce que le mot “luxe” signifie vraiment.


En 2024, Chanel incarne ce paradoxe délicieux : à la fois intemporelle et résolument contemporaine. La marque refuse de céder aux tendances éphémères, préférant ancrer ses créations dans un patrimoine solide, mais continue d’innover avec une élégance implacable. Virginie Viard a prouvé qu’elle sait jongler avec cet héritage sans devenir une gardienne du passé. En allégeant les silhouettes et en adaptant les coupes, elle perpétue l’essence de Chanel tout en répondant aux désirs de la femme moderne.


Aujourd’hui, Chanel ne se contente pas de faire de la mode ; elle influence l’air du temps, voire l’histoire culturelle elle-même. Que l’on évoque son impact social, ses stratégies marketing ou l’empreinte de ses créateurs, Chanel est bien plus qu’une somme de vêtements et d’accessoires. La maison est devenue un reflet de notre société, un symbole de ce que la mode peut accomplir lorsqu’elle n’a pas peur de défier les normes, de briser les carcans, de poser les questions que d’autres évitent.


Ce qu’on retient de Chanel, finalement, c’est cette capacité unique à inspirer. Les générations passent, mais le rêve Chanel reste, immuable, intemporel. Mais, avant de se quitter, petite question pour vous : que signifie pour vous le luxe aujourd’hui ? Est-ce cette intemporalité, cet objet qui dure et qui reste ? Ou bien le luxe est-il devenu quelque chose de plus éphémère, plus accessible ?


Si cet épisode vous a inspiré ou simplement intrigué, n’oubliez pas de partager vos impressions, vos anecdotes personnelles sur la marque ou même votre pièce Chanel préférée sur nos réseaux. Je suis toujours curieuse de lire vos histoires et de voir comment, de votre côté, vous ressentez cette légende vivante.


Et bien sûr, n’hésitez pas à suivre "Cappuccino & Croissant" sur vos plateformes de podcast préférées, à laisser un petit avis – c’est grâce à vous que l’aventure continue, alors un grand merci ! De me suivre sur les réseaux sociaux ou bien de vous abonné au site internet cappcroissantmedia.com. Quant à moi, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode, où l’on continuera à explorer, analyser, et parfois même décortiquer notre pop culture. Allez, salut !

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