À travers ses yeux
- Harmonie de Mieville
- 5 févr.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 avr.

Salut à tous ! Aujourd'hui, j’ai envie de vous emmener dans un voyage un peu spécial... On met le café de côté (ou pas, parce qu’on sait que rien ne vaut un bon cappuccino), mais on ajoute une petite touche de mystère et d’obsession. Vous avez bien entendu ! Si vous aimez les histoires qui vous plongent dans l’âme humaine, avec un twist un peu sombre, cet épisode va vous plaire.
Je suis super excitée de vous présenter un tout nouveau format pour Cappuccino & Croissant : la narration d'une histoire inédite, que j’ai écrite, À Travers Ses Yeux. C’est une plongée intense dans l’esprit d’Emma, une jeune femme dont l’obsession pour une célébrité va l’entraîner dans une descente vertigineuse. Pour ce premier épisode, je vais vous lire le prologue… mais attention, c’est juste un avant-goût. Si vous voulez savoir ce qui arrive à Emma ensuite, c'est sur Amazon et Kindle !
Une obsession… ou bien plus ?
Dans un monde où les célébrités semblent si proches et pourtant inaccessibles, il est facile de se laisser envoûter par les visages que l’on voit à travers nos écrans. Mais que se passe-t-il lorsque l’admiration innocente devient une obsession qui consume chaque pensée, chaque minute ?
C’est le cas pour Emma, jeune femme au passé mystérieux, qui nourrit un intérêt profond – et de plus en plus inquiétant – pour Alex Sterling, une star aussi charismatique qu’insaisissable. Emma a tout sacrifié pour se rapprocher de lui, dans l’ombre de ses déplacements et de ses apparitions, chaque sourire, chaque détail, devenant un indice à ses yeux.
Le prologue de À travers ses yeux explore cette frontière floue entre fascination et obsession, nous plongeant dans une intrigue qui dévoile autant Emma que le monde complexe qu’elle a bâti autour d’Alex. Ce premier chapitre vous invite à découvrir l’histoire d’une femme prête à tout pour franchir la ligne entre fiction et réalité.
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Chapitre 1, 1ère partie.
Le couloir de l’hôtel, ce soir-là, semblait engourdi par une torpeur étrange. Les murs beiges, ornés de moulures discrètes, disparaissaient dans la pénombre. Une rangée de portes identiques s’étirait à perte de vue, chacune arborant un numéro gravé sur une plaque dorée. L’éclairage tamisé des appliques murales diffusait un calme artificiel, comme si cet étage de l’hôtel de luxe voulait isoler son intérieur de l’agitation extérieure. Au loin, le bruit feutré de pas, peut-être un employé du room service, renforçait l’impression d’un lieu suspendu où le quotidien des voyageurs se mêlait à une tension subtile.
Emma se tenait à l’ombre d’un renfoncement près de l’ascenseur, les épaules appuyées contre un panneau de bois laqué. Cet angle mort lui permettait de fixer discrètement la chambre d’Alex et Sophie, quelques mètres plus loin. Pour elle, cette porte ordinaire détenait un pouvoir mystique : derrière elle se trouvait l’homme pour qui elle avait parcouru des centaines de kilomètres. Un souffle d’air climatisé lui caressait la nuque, rappelant sa présence immobile. Ses muscles étaient tendus, son cœur battait fort, et un frisson parcourait sa peau. L’attente commençait à l’épuiser, mais elle restait figée.
Plus tôt dans la soirée, Emma s’était fondue dans la foule autour des podiums, assistant au défilé comme une simple spectatrice. Elle avait attendu l’apparition d’Alex, feint l’indifférence pour passer inaperçue, puis s’était éloignée dès les premiers applaudissements. Elle connaissait ses habitudes : après le show, il aimait se retirer pour un moment intime, souvent en compagnie de Sophie. Cette femme, surgie de nulle part, avait rapidement pris la place qu’Emma s’était imaginée lui être destinée. L’idée qu’Alex puisse partager sa tranquillité avec une autre la rendait malade. Le couloir lui semblait alors oppressant. Elle tira légèrement sur le col de sa chemise noire, sentant le tissu l’étrangler.
La porte qu’elle fixait, aux bords nets et vernissés, ne laissait rien filtrer. Aucun rire ne traversait le panneau, aucun chuchotement audible. Pourtant, Emma croyait percevoir quelque chose, une présence, un échange silencieux. Peut-être la légère ombre d’un mouvement projetée par la lumière intérieure, un reflet, un changement d’intensité sous le seuil. Elle se mordit la lèvre. À force d’observer, d’interpréter, elle sentait sa propre perception vaciller. La réalité ne suffisait plus. Elle était venue ici pour un moment décisif, quelque chose d’unique : la preuve qu’Alex avait besoin d’elle, la certitude qu’elle seule pouvait comprendre son âme. À travers cette porte, elle espérait confirmer ce que ses fantasmes lui répétaient depuis des mois. Et cette Sophie… elle était là, bien réelle, un obstacle aussi concret que ces murs.
Ses jambes commençaient à picoter, mais elle ne pouvait se permettre de bouger ouvertement. Un chariot de ménage, laissé là par le personnel, lui offrait un abri supplémentaire. Elle s’était glissée dans cet espace étroit entre le chariot et le mur, sentant l’odeur chimique des produits d’entretien. Cette odeur la rattachait malgré elle au monde tangible. Un rappel ironique : pendant qu’elle ourdissait des scénarios impossibles, la vie ordinaire continuait, insensible à son drame. Le parfum industriel du détergent lui piquait la gorge, mais ce détail la confortait dans son statut de spectatrice clandestine. Son corps présentait une série de petits signaux de stress : mains moites, respiration irrégulière, tension dans la nuque. Mais, au fond, tout cela était insignifiant comparé à la récompense potentielle d’un simple instant, d’un regard d’Alex, d’un mouvement de sa main.
Emma connaissait Alex depuis trop longtemps, du moins à travers les écrans, les images, les interviews. La Fashion Week était une scène sur laquelle il brillait, et elle était venue jusqu’ici pour le voir en chair et en os, prouvant sa propre dévotion. Il ne s’agissait plus simplement d’admiration ou de curiosité. Elle voulait transcender cette distance, rendre ce lien réel. Chaque pensée nourrissait une attente dévorante. Elle se figurait Alex pensif, assis sur le lit à contempler son portable, cherchant inconsciemment une présence qui le comprenne vraiment. Elle se l’imaginait fatigué, vulnérable, sur le point d’apprécier la compagnie d’une âme sincère, pas comme Sophie, cette imposture trop parfaite.
Sophie, justement. Emma l’avait aperçue plus tôt au défilé : grande, élégante, d’une beauté captivante. Elle incarnait le type de partenaire que le public admirait chez Alex, un duo parfait de sophistication. Pourtant, pour Emma, cette image n’était qu’une façade. Sophie ne comprenait pas la profondeur d’Alex ; elle n’était qu’un décor, un accessoire dans sa vie. Si Emma avait été à sa place, tout aurait été différent. Elle aurait su apaiser ses doutes, comprendre ses silences, apporter une attention sincère. Cette pensée lui était à la fois réconfortante et insupportable. La jalousie rongeait son estomac, une amertume insidieuse, comme si le destin se moquait d’elle en lui montrant ce bonheur auquel elle n’avait pas accès.
Un léger grincement retentit, tirant Emma de ses réflexions. Elle cessa de respirer l’espace d’une seconde. Un bruit ténu, à peine audible, venant de la chambre. Elle plissa les yeux, essayant d’apercevoir ne serait-ce qu’une ombre sous la porte. Rien de concluant. Pourtant, elle était certaine que quelque chose avait changé à l’intérieur. Une silhouette peut-être, se déplaçant derrière un rideau ? Un éclat de rire étouffé, ou un froissement de tissu ? Chaque son amplifiait la tension dans sa poitrine. Cette proximité, sans contact, était une torture délicieuse : au seuil du monde auquel elle aspirait, sans pouvoir le toucher.
La moquette épaisse absorbait ses moindres mouvements. Elle posa une main sur le chariot, sentant la surface métallique refroidie par la climatisation interne. Un mélange de pure adrénaline et de malaise la poussait à rester, encore et encore, malgré l’absence de certitude. Pourtant, n’aurait-elle pas dû partir ? Pourquoi s’entêter ? Elle avait déjà consacré tant de temps, d’énergie, à suivre la trace d’Alex. Elle avait quitté son appartement modeste, pris des jours de congé, économisé pour être ici, persuadée qu’il y aurait un moment opportun où leurs regards se croiseraient enfin. L’idée même de renoncer la rendait nauséeuse. Partir signifiait admettre que tout était sans fondement, que ses sacrifices étaient vains. Impossible.
Au loin, un ascenseur s’ouvrit dans un discret tintement, projetant une faible lumière blanche sur le mur opposé. Emma se colla davantage au chariot. Une employée en uniforme poussa un plateau à roulettes. Elle paraissait absorbée par ses pensées, ou simplement indifférente, et passa sans un regard dans leur direction. Emma retint son souffle, ravie de son invisibilité, et réalisa à quel point chaque seconde lui coûtait de l’énergie nerveuse. Le silence retomba, et avec lui, la scène reprit sa tension initiale. La porte d’Alex et Sophie restait close. Emma nota l’absence de judas apparent : un détail sans importance, mais sur lequel son esprit s’agrippait. Si seulement elle pouvait voir l’intérieur. Elle imagina un instant frapper, juste une fois, pour entrevoir leur réaction. Une pulsion insensée qu’elle réprima aussitôt, effrayée par sa propre audace.
Elle tenta de calmer ses pensées. Le couloir exhalait un parfum artificiel mêlé de déodorant d’ambiance et d’adoucissant. Les murs lisses et sans accroches ressemblaient à un labyrinthe impersonnel. Emma pensa aux autres clients de l’hôtel, probablement endormis ou en pleine conversation dans leurs chambres. Pour eux, la soirée était une simple anecdote. Pour elle, c’était une bataille intérieure où chaque bruit résonnait comme une menace ou une promesse.
Elle se rappela brièvement le visage d’Alex pendant le défilé : son regard distant, la façon dont il saluait le public sans vraiment le voir, comme s’il était ailleurs. Ce détachement l’avait toujours fascinée, créant autour de lui une aura inaccessible. Elle avait cru y discerner une faille, un vide qu’elle pouvait combler. Aujourd’hui, elle était enfin si proche. Pourtant, Sophie se trouvait derrière cette porte, mêlant rires discrets et conversations intimes. Emma serra les poings, la jalousie pulsant dans ses veines, rongeant sa rationalité. Était-ce l’incapacité de s’intégrer à ce tableau qui la rendait si nerveuse ? Elle avait espéré qu’en étant sur place, tout s’éclaircirait, que la réalité de leur relation la libérerait ou l’inspirerait. Au lieu de cela, elle se sentait piégée, comme une intruse figée dans l’immobilité.
Le temps semblait s’étirer, sans lui offrir la moindre avancée. Elle ferma les yeux, s’autorisant un instant de repli dans l’obscurité de ses paupières. Là, elle tenta de reconstituer l’image d’Alex, détachée des circonstances : un geste élégant, un sourire sur une vieille photo. Ce visage idéalisé valait-il la peine de supporter ce stress ? La question la heurta, accompagnée d’un vertige de doute. Si elle abandonnait, que lui resterait-il ? Les sacrifices qu’elle avait consentis pour être ici – les petits mensonges, cette vie en suspens – ne pouvaient pas être gaspillés. Elle devait persister, même pour obtenir quelques bribes d’informations, un indice montrant qu’Alex était différent avec Sophie que devant les caméras. Elle voulait voir la vérité, qu’elle soit douce ou cruelle.
Un rayon plus vif sous la porte capta son attention. Elle crut voir une ombre glisser sur le tapis – peut-être Sophie traversait-elle la pièce, sa silhouette gracieuse illuminée par une lampe. Un nœud se forma dans sa gorge. Leurs mondes étaient séparés par quelques centimètres de bois : une intimité partagée de l’intérieur, et Emma, une étrangère fantasmant sur ce qu’elle ignorait. Une vague de colère la submergea. Pourquoi Sophie avait-elle ce privilège ? Qu’avait-elle de plus ? Dans l’esprit d’Emma, la réponse était simple : rien. Sophie n’avait rien de plus, si ce n’était la place qu’Emma aurait dû occuper.
Elle se pencha légèrement en avant, espérant capter un son plus net. Mais le silence restait moqueur. Plongeant de nouveau dans ses pensées, elle revisita ses illusions. Le fantasme d’Alex était devenu son refuge contre une banalité oppressante. À travers lui, elle échappait à un quotidien terne et sans éclat. Lorsqu’elle le voyait à l'écran, souriant sur des photos ou répondant à des interviews, elle y projetait tout ce qui lui manquait : assurance, élégance, reconnaissance. Elle s’était persuadée qu’il la comprendrait, qu’il la reconnaîtrait comme une âme sœur cachée. Ce soir, face à l’opacité de cette porte, elle mesurait le ridicule de sa situation. Pourtant, elle demeurait incapable de partir.
Dehors, dans la nuit, les lumières du parc scintillaient, créant un décor féerique. Ici, dans ce couloir neutre, aucune féerie : seulement la froideur silencieuse d’un hôtel de luxe et une attente interminable. Emma se demandait si Alex riait en ce moment, si sa voix résonnait doucement dans la chambre, ou si Sophie lui racontait une anecdote de la soirée. Imaginer ces échanges lui vrillait la poitrine, suscitant une émotion sombre mêlée de frustration et de honte. Elle aurait pu être ailleurs, mener une vie calme, accepter de n’être qu’une admiratrice anonyme. Mais non, elle avait besoin de plus. Cette soif inextinguible la maintenait contre ce mur, dans la pénombre, à guetter l’improbable.
Un cliquetis discret retentit derrière elle. Elle se retourna à moitié, retenant un sursaut. Un second chariot, poussé par un autre employé, apparut au bout du couloir. Emma rentra la tête dans les épaules tandis que le chariot s’arrêtait à deux portes de là, probablement pour un service en chambre. Le silence persistait, seulement interrompu par quelques bruits étouffés. Après de longues secondes, Emma fixa à nouveau la porte d’Alex et Sophie. Aucune réaction à ce petit événement. Peut-être étaient-ils endormis, ou plongés dans une conversation intime ? L’idée qu’ils puissent être étendus l’un près de l’autre, partagés entre rires et confidences, contracta son estomac. Elle sentit ses ongles s’enfoncer dans sa paume. Elle aurait voulu que la porte s’ouvre, que Sophie sorte, ne serait-ce qu’un instant, pour qu’Emma puisse saisir cette opportunité, se montrer, forcer le destin. Mais non, Sophie restait invisible, gardienne d’un territoire qu’elle ne pouvait franchir.
Chaque minute effilochait un peu plus l’état mental d’Emma, renforçant son obsession. Elle oscillait entre rage silencieuse et espoir délirant, incapable d’abandonner. Même pétrifiée et prise dans ce paradoxe grotesque, elle préférait rester, épier, tenter de décrypter le moindre signe. L’étrange pouvoir qu’Alex exerçait sur elle ne faiblissait pas. Alimentée par le fantasme, son obsession dictait sa conduite, les illusions surpassant la réalité et étouffant toute rationalité.
Les secondes s’égrenaient, ses muscles lui faisaient mal, son souffle était mesuré, mais elle restait telle une sentinelle anxieuse devant une frontière invisible. Le monde autour semblait s’être évaporé, ne laissant que cette porte fermée, Sophie derrière, Alex peut-être à quelques mètres, et Emma, murée dans son silence, prête à attendre encore et encore jusqu’à ce que la tension devienne insoutenable. Elle attendrait le moindre décalage de la poignée, la moindre preuve que l’instant de vérité approchait. Prête à prendre ce risque malgré la peur, la culpabilité, et le ridicule, Emma laissa son obsession poursuivre son règne intérieur, dans cet écrin ouaté et sous les lumières tamisées du couloir.
Conclusion
Et voilà, c’était le prologue de À Travers Ses Yeux. J’espère que vous êtes autant accroché que moi à cette intrigue. Emma n’en est qu’au début de son obsession, mais croyez-moi, les choses vont devenir bien plus sombres et surprenantes… Vous voulez savoir ce qu’elle va faire ensuite ? Je vous donne rendez-vous sur ma page Patreon, où vous pourrez écouter la suite en exclusivité.
En attendant, n’oubliez pas de vous abonner au podcast, de laisser une petite note, un commentaire et surtout de partager cet épisode avec vos amis. Je vous dis à très vite pour de nouvelles aventures dans Cappuccino & Croissant. Et rappelez-vous… tout commence par un regard. Aller, Salut !
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